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enfants du peuple une moralité qui confinait au dévergon- dage; il en attribua justement la cause à l’ignorance dans laquelle on les laissait grandir, et il conclut avec raison qu'il fallait y remédier par le rétablissement des Petites-Ecoles.

Au moyen âge, l'instruction, à tous les degrés, avait été . florissante. A la suite des guerres de religion, qui avaient accumulé tant de ruines dans notre pays, elle était devenue, surtout daus le peuple, non pas nulle, mais vraiment défi- ciente.

La fin du xvre siècle et la première partie du xvre avaient vu de magnifiques réalisations en faveur de l'enseignement. Les Jésuites et les Oratoriens, en particulier, avaient multi- plié leurs collèges pour l'instruction des « fils de famille ». Les Ursulines de France, qui, en moins de 50 ans. avaient ouvert 320 pensionnats, et les deux cor grégations de Notre- Dame, celle de Saint-Pierre Fourrier en Lorraine et celle de Jeanne-de-Lestonnac à Bordeaux, avaient assuré les mêmes faeilités aux « jeunes filles de bonne famille ». Mais rien, ou presque n'ävait été encore tenté pour les enfants du peuple.

C’est à Cl arles Démia que revient l'honneur d’avoir donné l'exemple. Il s’occupa tout d’abord des garçons. La première école qu'il ouvrit pour eux à Lyon, celle de Saint-Georges, date de 1667. Le P. Barré et Saint-Jean-Baptiste de la Salle, qui entreprirent une œuvre semblable, chacun pour leur compte, le premier à Paris et le second à Rouen, ne commen- cèrent que dix à douze ans plus tard.

L'œuvre tentée par Charles Démia en faveur des garçons, pas plus d’ailleurs que celle du P. Barré, ne devait se déve- lopper ni durer. Avant la fin de l’anaée 1710 le séminaire Saint-Charles qui donnait les maitres des Petites-Ecoles, fut supprimé, et ceux qui en faisaient partie, ecclésiastiques et laïques, se dispersèrent pour ne plus se reconstituer en communauté.

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Il n’en fut pas de même pour l'œuvre qu'il entreprit en fa- veur des Hlles. ” :

Sans doute, il àe put établir, pour elles. qu'un petit nom- bre d'écoles et les maïitresses qu'il réunit en communauté n'étaient pas plus de treize lorsqu'il mourut en 1689. Mais dans la suite, ces écoles devaient se multiplier et cette communauté devait devenir une grande Congrégation.

Là aussi, Charles Démia fut en quelque sorte, un précur- seur. Ses deux premières écoles de filles, celle de Saint- Nizier et de Saint-Paul. à Lyon, datent de 1655, et sa commu- nauté des sœurs de Saint-Charles est constituée avant 1680 Sans doute la congrégation des sœurs de Saint-Joseph dont