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Feuilleton du 31 Mai 1907


LES
CRIMES DE DIEU
PAR
SÉBASTIEN FAURE

Naissance de l’idée religieuse

(suite)

Dans leurs courses vagabondes au travers des steppes incommensurables, ils se firent une idée de l’espace sans borne et eurent l’impression de l’illimité dans l’espace comme dans le temps.

L’idée de Dieu, sous ce double rapport, devint le prolongement jusqu’à l’absolu des contingences observées, des relativités connues.

Dans le soleil qui faisait mûrir les fruits, activait la végétation et emplissait de clarté sa grotte ou sa cahute, l’aïeul vit l’ami, le bienfaiteur, le Bien. Dans le froid qui arrêtait la pousse des plantes et engourdissait ses membres, dans la nuit qui peuplait sa caverne de fantômes ou de carnassiers avides de sa chair, bref, dans tout ce qui menaçait ou supprimait son existence, il incarna l’ennemi, le Mal.

Et c’est ainsi qu’il inventa l’Esprit du Bien et du Mal, les Divinités amies