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vint le graduel réceptacle de mille et mille idées chaotiques, bouleversées, contradictoires, dont tout son être fut la proie forcément docile. Dans le vent qui mugissait, dans la tempête qui grondait, dans la foudre qui éclatait, dans le soleil qui éclairait sa marche, dans la nuit qui l’enveloppait de ténèbres, dans la pluie qui tombait, notre ancêtre vit tantôt des Êtres amis ou ennemis, tantôt la manifestation de malveillance ou de bonté d’autres Êtres habitant des régions supérieures.

Dieu fut donc, tout d’abord, la personnification des éléments et des phénomènes naturels, ou encore la matérialisation des causes renfermant ces phénomènes ou déchaînant ces éléments.

La succession des jours et des nuits, le cours des saisons inspirèrent aux hommes l’idée de temps. Hier, aujourd’hui, demain leur apparurent comme les trois termes du temps : le passé, le présent et l’avenir. Et comme, tandis que mouraient fatalement les individus, tandis que se succédaient les générations, le vent continuait à mugir, la tempête à gronder, la foudre à éclater, le soleil à luire, la pluie à tomber, ils conçurent des êtres vivant un temps considérable et peut-être toujours, conséquemment doués d’immortalité.