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ait contenu, à l’état potentiel — telle la semence contient la moisson — cette récolte de turpitudes, de bassesses, de souffrances ?

Si le mensonge, l’ignorance, la méchanceté, le crime proviennent de cette liberté dont Dieu nous a gratifiés, Dieu lui-même est menteur, ignorant, méchant, criminel.

Mais concilier ces deux choses : l’existence de Dieu et la liberté humaine est impossible. Si Dieu existe, lui seul est libre.

L’être qui dépend partiellement d’un autre n’est libre que partiellement ; celui qui est sous l’entière sujétion d’un autre ne jouit d’aucune liberté. Il est le bien, la chose, l’esclave de ce dernier.

Dès lors, si Dieu existe, l’homme n’est plus que le jouet de son caprice, de sa fantaisie. Celui à qui rien n’échappe de nos intentions, non plus que de nos actions, Celui qui tient en réserve des tortures sans fin prêtes à punir le téméraire qui violerait ses prescriptions ou ses défenses ; Celui qui, plus rapide que la foudre, peut nous frapper de mort à toute heure, à toute seconde. Celui-là seul est libre, parce que seul il propose et dispose. Il est le maître ; l’homme est son esclave.

En tous cas, que dire de la sauvagerie de ce Juge qui, prévoyant tous nos agissements et ceux-ci arrivant fatalement,