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comme dit Malebranche, jusqu’à daigner se faire créateur ? À un moment donné du temps. Voilà ce qu’affirment toutes les Genèses, ce qu’impliquent d’ailleurs le mot et l’idée de création. Alors Dieu se serait croisé les bras pendant toute l’éternité antérieure !

Mais qu’est-ce qu’une éternité coupée en deux ? Comment admettre le grand géomètre dormant toute une première éternité, puis s’éveillant tout à coup pour évoquer du néant cet univers absent jusqu’alors, pour remplir et peupler le vide insondable, pour donner à cette mort universelle la vie universelle ?

La contradiction est flagrante. L’Être nécessaire n’a pu rester un seul moment inutile. L’Être actif et éternel n’a pu manquer d’agir éternellement. Il faut donc admettre un monde éternel comme le créateur. Mais en admettant cette co-existence, on avoue que l’Univers n’a point été créé, que la création est un non-sens, une impossibilité.

Les Écritures placent le déluge 700 ans après la création et 3 700 ans avant la naissance de Jésus-Christ, dont 1 900 ans nous séparent. De l’addition de ces trois chiffres, il résulte que la création remonterait à 6 300 ans. Tel est l’extrait de naissance qu’il a plu au Très-Haut de délivrer à son œuvre et de nous communiquer par la révélation.