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Eh bien ! l’hypothèse d’une création quelconque est une pure absurdité. Car il est inadmissible que de rien on puisse tirer quoi que ce soit : et le célèbre aphorisme formulé par Lucrèce : « Ex nihilo nihil » est et reste l’expression d’une invincible exactitude.

Si donc la matière n’a pu être tirée du néant, c’est qu’elle a toujours existé, et, dans ce cas, il faut se demander, dans l’hypothèse d’un Être créateur, où se trouvait cette matière.

Elle ne pouvait être qu’en lui ou hors de lui.

Dans le premier cas, Dieu cesse d’être un pur Esprit : la matière était en lui ; elle résidait en son Être ; elle faisait partie intégrante de sa personnalité ; comme lui, elle est éternelle, infinie, toute puissante, car l’Absolu ne comporte et ne peut comporter aucune contingence, aucune relativité. Conséquemment, la matière est son auto-créatrice, et l’hypothèse d’une immatérialité ayant extrait d’elle-même des éléments matériels devient stupide.

Dans le second cas, c’est-à-dire si la matière n’était pas en Dieu, mais hors de lui, elle lui était co-existante. Elle n’a pas plus d’origine que lui ; elle est comme lui, de toute éternité ; dès lors, elle n’a pas été créée et la conjecture d’une création devient absurde.