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armées qu’elle se manifesta. On vit une poignée de combattants, soutenus par le fanatisme, faire mordre la poussière à une armée entière, folle de terreur, parce que les oracles consultés s’étaient prononcés contre elle.

Le pilote, à son tour, invoqua le Dieu des tempêtes, le laboureur le Dieu des moissons, et il y eut bientôt une multitude de dieux et de demi-dieux se combattant dans leurs manifestations.

Mais le besoin de savoir rongeait l’esprit humain. Des penseurs étaient nés qui crurent avec raison que la toute-puissance ne pouvait se diviser, qu’il ne saurait y avoir conflit, rivalité entre les tout-puissants. Et le monothéisme sortit sous la poussée de ces observations.

Le christianisme fit son apparition. À ses débuts, ce fut un courant populaire, une lutte des faibles contre les forts, et si nous voulions établir un parallèle entre l’époque où Jésus-christ né, dans une étable, de parents pauvres, pauvre lui-même, choisissait douze apôtres parmi les plus pauvres, prêchait avec eux en faveur des déshérités, et l’époque que nous traversons aujourd’hui, où des hommes à la parole ardente demandent plus de bien-être, plus de justice, plus d’égalité, il nous serait possible d’en démontrer l’analogie frappante.