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nation ignorante et, par suite, poussant jusqu’au delà de l’observé, du vécu, les attributs de toute nature gratuitement concédés à ces fils de son cerveau.

Développement de l’idée religieuse

On conçoit sans peine que l’idée de Dieu — tout d’abord purement spéculative — ne devait pas, ne pouvait pas tarder à se prolonger dans le domaine social.

Admettre l’existence d’une Divinité, c’est reconnaître la nécessité des liens qui unissent la créature au Créateur et la religion (religare, relier) n’est pas autre chose qu’un ensemble de croyances et de pratiques, reliant l’homme à Dieu, stipulant les droits de Celui-ci, les devoirs de celui-là.

Dès l’origine, l’idée de religion rencontre l’idée de supériorité s’incarnant dans les biceps des plus robustes.

Les tribus primitives étaient en état perpétuel de guerre. Mais les guerriers comprirent vite que leur force musculaire n’aurait qu’un temps, qu’ils n’auraient pas toujours vingt-cinq à trente ans, que de plus jeunes viendraient et les remplaceraient. Et pour conserver sa suprématie, l’autorité du coup de poing accepta avec empressement le concours de l’autorité morale, cette force nouvelle.

La coalition était fatale. Elle se produisit. C’est sous la forme du Dieu des