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ne « joue pas un rôle ». Il conçoit l’univers d’ensemble, et le traduit par le moyen du Cinéma. Il voit le drame. Il le règle. Il le met en scène. Il le met au point. Il joue séparément les rôles de tous ses comparses, le sien, et réunit le tout dans le drame définitif après en avoir fait le tour, l’avoir vu sous tous ses aspects, en procédant comme un grand peintre, de la masse globale selon laquelle il l’a conçu à la réalisation des saillies, des enfoncements, des contrastes qui en dérivent, choisissant, combinant, caractérisant sans cesse – ou, comme un musicien qui dispose d’un orchestre immense, puisant dans ses trésors polyphoniques pour varier à l’infini l’expression de son chagrin, de sa joie, de sa surprise, de son désenchantement. Une architecture essentielle, qui se cherche et se trouve d’un bout à l’autre de la trame autour de qui s’organise le film, en fait une chose fermée et pour ainsi dire circulaire, dont chaque scène est déterminée par la conception de l’ensemble, comme les coupoles parasites tournant autour de la grande coupole centrale, dans les vieilles églises de l’ordre byzantin, où la musique même des sphères semble ordonner leur ronde et disposer l’harmonie continue de leur groupe en mouvement : Une architecture, je dis bien, qui est dans le cerveau de l’homme, et passe avec tant de rigueur dans son geste, quelque désordonné que paraisse ce geste, qu’il

    ou Molière si Shakespeare ou Molière jouait dans une pièce de Scribe, ou même de Racine ?