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L’Occident médiéval, l’Occident des châteaux forts et des édifices romans est à coup sûr moins dépaysé dans l’Inde hiérarchique du Nord que dans l’Inde démocratique du Midi. Là, comme ici, l’abstraction descend des classes dominantes pour écraser les classes misérables sous le symbole pétrifié de sa puissance extérieure. Mais l’Occident hellénique, où l’abstraction montait des masses, au contraire, pour exprimer sa puissance intérieure par la voix des héros, l’Occident hellénique, l’Occident gothique aussi, retrouveraient plutôt la trace de leur rêve s’ils marchaient à la suite du torrent des idées qui franchit les montagnes, les marécages, les forêts vierges et la mer pour se répandre jusque dans la presqu’île Indochinoise, jusque dans l’Insulinde, jusqu’à Java qu’il recouvrit de temples gigantesques. Autour de cette mystérieuse race khmer, surtout, qui sema le Cambodge de forteresses, de palais, de temples absorbés peu à peu par la jungle, la nature, malgré l’épaisseur des bois, était moins écrasante peut-être, les taillis certainement moins redoutables,