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La richesse sensuelle du Sud, épurée par l’esprit métaphysique et rendue plus rare par l’esprit aristocratique se retrouve, dès qu’on a franchi le seuil des sanctuaires, dans le détail de l’ornementation. Les temples djaïns de l’Inde moyenne, dont les piliers ouvragés comme des verreries et la dentelle des arcatures soulèvent dans le ciel des forêts de coupoles blanches, expriment encore, il est vrai, malgré la science trop minutieuse de leurs décorateurs, une foi vivante. Mais dans les monarchies du Nord, la vanité des rajahs a recouvert l’enthousiasme des artistes d’un vêtement si fastueux qu’il perd, avec sa nudité, le meilleur de sa valeur humaine. Il y a des temples gorgés de dieux d’argent et d’or dont les yeux sont des rubis ou des diamants. Dans l’ombre, des gouttes de feu tombent, la robe royale des tigres, les plumages versicolores des forêts tropicales, leurs fleurs, la queue rutilante des paons, incrustent d’émeraudes, d’améthystes, de perles, de topazes et de saphirs l’écorce de métal, d’ivoire ou d’émail qui couvre les piliers et les murs. Art extérieur, gloire et magnificence immobiles, et d’une lumière plus pâle que les statues vivant dans l’obscurité souterraine. L’esprit de l’Inde féodale est plutôt dans les grands châteaux rectangulaires, défendus par de hautes tours, nus, austères, fermés comme des forteresses, cuirassés d’émaux polychromes, ou dans ses palais de marbre blanc sur le silence des eaux.

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