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ne voit qu’aux fleurs à peine ouvertes. L’oscillation huileuse de la mer, le surgissement des glaciers par-dessus les nuages, le faîte immobile ou tourmenté des bois, tout l’univers s’imprimait en lui selon des harmonies profondes, il paraissait écraser des joyaux bleus et verts et sanglants dans l’air chargé de vapeurs d’eau qui transmet la lumière aux choses… Il commanda à sa forme en héros, il fut à son gré et tour à tour ou



Hokusaï (1760-1849). La vague, estampe en couleurs (Louvre).


simultanément lyrique et philosophe, et poète épique et poète satirique, vivant les cauchemars les plus affreux après les réalités les plus paisibles, ou en même temps qu’elles, et passant avec désinvolture de l’invention la plus malsaine à la plus noble vision… Et pourtant, par son art rapide, analytique et fiévreux et pressé – trop anecdotique souvent – il est une expression de décadence. On dirait qu’il pressent la fin du vieux Japon, qu’il veut en dresser une encyclopédie vivante, se hâter de le raconter tout entier en notes directes, immédiates, fulgurantes,