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met en face d’elle toute la sculpture et la peinture qui sont apparues depuis, d’exprimer l’univers plastique dans sa réalité circulaire et totale à laquelle on ne peut rien ajouter, rien retrancher.

Si l’on veut pleinement comprendre l’art universel et ses manifestations innombrables dans l’espace et la durée, il faut avoir pénétré ce caractère essentiel de l’art égyptien dont, par l’intermédiaire de la Grèce, presque toutes les formes connues dans le monde - toutes, peut-être - sont sorties. Il les contient en devenir, comme une matrice parfaite où des millions d’images repliées dorment en attendant l’épreuve terrible du jour. Une spiritualité immense, celle qui se répandra sur le monde le long des siècles pour les féconder, est enfermée entre ses parois granitiques dont elle règle la houle immobile, et sourd de ses visages calmes, où toute la lumière éparse semble se concentrer pour l’accueillir. Qui n’a pas tout à fait pénétré ce résumé grandiose de la face universelle ne saisira jamais l’esprit des apparences infinies par quoi, en Occident comme en Orient, usant de la science des sculpteurs comme du lyrisme des peintres, bercée sur les ailes du mythe ou acharnée à rendre le réel, déformant pour mieux frapper ou suivant pieusement les indications de la forme, simple ou complexe, dramatique ou tendre, humaine ou surnaturelle, elle se révèle à nous.