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pire, à s’épanouir en rameaux verdoyants. Art ingénu, art anonyme, préhistorique encore d’un point de vue, puisque le peuple gaulois, obéissant toujours à cette destinée singulière qui fait de son pays la terre de la préhistoire par excellence - la plus riche en formes variées, fresques et ciselures des cavernes, outils et poteries des lacs, tables et monolithes des plaines fleuries de genêt, a dans ce moment-là pour histoire celle que lui révèlent les Grecs ou à quoi consentent les Romains.

Rome, en effet, est venue défricher ses forêts, amenant sur ses pas l’Orient et la Grèce, la Grèce qui se meurt, l’Assyrie et l’Égypte mortes, toutes après avoir atteint d’incomparables sommets. Tel est le rythme de l’histoire. Sur ce sol, il y a quinze mille ans, vivait une société civilisée. Elle meurt sans laisser de traces visibles, il faut cinq, six mille ans pour qu’un autre rudiment d’organisme social naisse dans les mêmes contrées. Mais déjà, dans la vallée du Nil, dans les vallées de l’Euphrate et du Tigre, une moisson humaine puissante a poussé, qui fleurit à ce moment même pour se flétrir peu à peu. Athènes monte au faîte de l’histoire à l’heure où les landes bretonnes se couvrent de mornes fleurs de pierre , Rome vient les moissonner, Rome s’abîme sous le flot qui roule du nord,