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il nous a laissées sont supérieures à la plupart des productions des Inoïts, à toutes celles des Australiens, surtout à celles des enfants. Le primitif actuel n’a pas atteint un stade aussi avancé de son évolution mentale. Quant à l’enfant, il ne fait rien qui dure, c’est sur le sable ou sur le papier volant qu’il trace ses premières lignes, au hasard, entre deux autres jeux. Il n’a ni la volonté, ni la patience, ni surtout le besoin profond qu’il faut pour imprimer dans une matière dure, avec une autre matière dure, l’image qu’il a dans l’esprit. James Sully[1] l’a très bien montré, l’enfant s’en tient à une représentation exclusivement symbolique de la nature, à une série balbutiante de signes idéographiques changés à chaque essai nouveau, il n’a souci ni des rapports des formes, ni de leurs proportions, ni du caractère de l’objet qu’il schématise hâtivement, sans l’étudier, sans même jeter un regard sur lui s’il l’a à portée de son oeil. Il est probable qu’il ne dessine que par esprit d’imitation, parce qu’il a vu dessiner ou parce qu’il a vu des images

  1. C’est ainsi que la Vénus de Willendorf, la plus ancienne forme humaine sculptée connue, est probablement antérieure de plusieurs dizaines de siècles, malgré son admirable caractère, aux œuvres de la Vézère et d’Altamira.