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préhistorique est un jardin pétrifié où l’action lente de la terre et de l’eau sur les matières enfouies unifie le travail de l’homme et le travail de l’élément. Au-dessus, les bois du grand cerf, les ailes de l’esprit ouvertes[1]

Le trouble que nous éprouvons à voir se mêler dans l’humus plein de radicelles et d’insectes nos premiers os et nos premiers outils a quelque chose de religieux. Il nous apprend que notre effort pour dégager de l’animalité les éléments rudimentaires d’une harmonie sociale, dépasse en puissance essentielle tous nos efforts suivants pour réaliser dans l’esprit l’harmonie supérieure que nous n’atteindrons d’ailleurs pas. Nulle invention. La base de l’édifice humain est faite de découvertes quotidiennes, et ses plus hautes tours sont des entassements patients de généralisations progressives. L’homme a copié la forme de ses outils de chasse et d’industrie sur les becs, les dents et les. griffes, il a emprunté aux fruits leur forme pour ses premiers pots. Ses poinçons, ses aiguilles ont été d’abord des épines, des arêtes, il a saisi dans les lames imbriquées, les articulations et les fermoirs des os l’idée des charpentes, des jointures et des

  1. L’illustration de ce chapitre ayant présenté des difficultés particulières, nous adressons nos plus chaleureux remerciements à MM. Capitan et Breuil. d’une part, à la Mson Masson et Cie, d’autre part, sans lesquels nous ne serions pas venus à bout de notre tâche. Les travaux de l’abbé Breuil, surtout, constituent la base désormais indispensable de l’illustration artistique de tout livre consacré à la préhistoire. C’est grâce à ses admirables pastels que les fresques troglodytes du Périgord et de l’Espagne nous ont été restituées dans leur caractère originel le plus probable.