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position libre qui apparente la grande sculpture au plan universel. Les formes s’allongent et se font parallèles pour épouser le flanc des amphores, leur donner de la rectitude et de l’essor. Elles s’étirent en rondes circulaires autour des coupes, des vasques, des cratères, comme pour entraîner le pot dans un mouvement giratoire. De-ci, de-là, très souvent sans doute, dans un ensemble sobre, fougueux, facile à lire d’un coup d’oeil, noir sur rouge ou rouge sur noir, d’admirables détails, un dessin pur comme la ligne du pays, incisif comme l’esprit de la race, qui suggère le modelé absent par sa direction seule et sa manière d’indiquer l’attitude et le mouvement. Pour l’ouvrier comme pour le sculpteur des temples le moule archaïque est brisé, la nature n’est plus un monde de formes immuables et séparées, mais un monde mouvant, se combinant et se désagrégeant sans cesse, renouvelant ses aspects et changeant à chaque seconde les éléments de ses rapports.

La forme de ces vases est si pure qu’on la dirait née toute seule, et non sortie de la main des potiers, mais du jeu obscur et permanent des forces naturelles. Ils donnent la sensation