nous démontreront la logique. Ils nous apprennent ce qui nous sert, ce qui nous nuit. Le reste nous importe peu. Il n’y a ni erreur, ni vérité, ni laideur, ni beauté, ni mal, ni bien hors de l’usage humain que nous voulons en faire. La mission de notre sensibilité, de notre intelligence personnelle est d’en établir la valeur en recherchant de l’un à l’autre les passages mystérieux qui nous permettront d’embrasser la continuité de notre effort afin de tout comprendre et de tout accepter de lui. Ce sera le meilleur moyen d’utiliser peu à peu ce que nous appelons l’erreur, la laideur et le mal en vue d’une éducation plus haute, et de réaliser en nous l’harmonie pour la répandre autour de nous.
L’harmonie est une loi d’ordre profond qui remonte à l’unité première et dont le désir nous est imposé par la plus générale et la plus impérieuse de toutes les réalités. Les formes que nous voyons ne vivent que par les transitions qui les unissent et par qui l’esprit humain peut revenir à la source commune comme il peut suivre le courant nourricier des sèves en partant des fleurs et des feuilles pour remonter jusqu’aux racines. Voyez un paysage s’étendre jusqu’au cercle de l’horizon. Une plaine couverte d’herbes, de bouquets d’arbres, un fleuve qui coule à la mer, des routes bordées de maisons, des villages, des bêtes errantes, des hommes, un ciel plein de lumière ou de nuages. Les hommes se nourrissent avec les fruits des arbres, avec la chair, avec le lait des bêtes qui les habillent de leurs poils et de leurs peaux. Les bêtes vivent des herbes, des feuilles, et si les herbes et les feuilles poussent, c’est que le ciel prend aux mers et aux fleuves l’eau qu’il répand sur elles. Ni naissance, ni mort, la vie permanente et confuse. Tous les aspects de la matière se pénètrent les uns les autres, l’énergie générale flue et reflue, fleurit à tout instant pour se flétrir et refleurir en métamorphoses sans fins, la symphonie des couleurs et la symphonie des murmures ne sont guère que le parfum de la symphonie intérieure faite de la circulation des forces dans la continuité des formes. L’artiste vient, saisit la loi universelle, et nous