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Quelle qu’elle soit, elle exprime l’artiste comme l’écorce de la terre, où la houille et le diamant se mêlent, exprime son feu souterrain. Elle est jetée bouillante au moule de son âme, et quand son âme est forte, l’argile est forte comme l’airain, et quand son âme est douce, l’airain est doux comme l’argile.

La bonne matière du monde ! Comme la peau et la laine des bêtes, comme la chair des fruits, comme le pain, elle est la compagne de l’homme. Elle est l’eau et le sel. Elle a la docilité des êtres domestiques, elle accueille le maître par le seuil et les degrés, le protège par les murs et les toits, s’offre pour son repos, se creuse pour recevoir ses aliments, s’allonge pour atteindre ses lèvres, s’aiguise pour lui livrer les matières moins dures qu’elle. Il fut un temps, vers la fin de l’hellénisme, où la matière travaillée environnait l’homme de toutes parts comme un cortège immobile qui le défendait et l’exaltait à la fois. L’art héroïque faiblissait, sans doute, mais les dieux d’ivoire et d’or étaient intacts au fond des sanctuaires, les héros de marbre bariolé habitaient encore les métopes où