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l’espèce entière, il la décrit en demandant à chaque individu son caractère dominant. Mais l’art familier de la Grèce ne vise pas si haut. l suit, avec une sagacité charmante, le caractère individuel. On a oublié les portraits grecs - si rares, il est vrai, mais si aigus - on a oublié les Tanagras, les Myrinas, les peintures de vases, toute la peinture pompéienne et ces statuettes, ces ébauches où s’éternise la vie cruellement comique des malades, des bossus, des boiteux, des infirmes de toute sorte. On a oublié qu’il y a même des caricatures dans les sépultures de Tanagra. La popularité dont jouissaient les comédies d’Aristophane s’explique quand on connaît leurs spectateurs. On riait beaucoup en Grèce, les philosophes riaient des dieux, le peuple riait des philosophes. Les coroplastes de Tanagra et les potiers du Céramique étaient tout à fait joyeux.

Imitaient-ils les grandes statues contemporaines aussi souvent qu’on l’a dit ? C’est improbable. Il y avait parfois des réminiscences, et tout au plus. L’imitation, proche ou lointaine, c’est la mort. Or, elles vivent. Toutes les qualités de la sculpture praxitélienne y sont, plus aiguës. Elles sont modernes. Elles seront toujours modernes. C’est qu’elles sont éternelles. Faire un morceau vivant, c’est faire de l’éternité, surprendre les lois de la vie dans leur dynamisme permanent. Marche, danses et jeux, toilette, recueillement, causerie, attention, rêverie, immobilité, la vie des nuances, des impressions, des souvenirs passe dans ces charmantes choses, ou fuit, ou hésite, ou s’arrête. C’est une foule vivante de secondes impercepti-