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de feuilles. Du pavé des villes grecques sort un monde de bibelots, figurines de métal. ou de terre cuite, bijoux, pierres gravées, meubles, monnaies, vases peints ou ciselés. Hier, l’homme de génie était au service du peuple. Aujourd’hui, l’homme du peuple est au service du rentier.

Le lien qui réunit le grand artiste à l’artisan, le passage de la grande sculpture à l’art populaire, c’est l’industrie des figurines en terre cuite qui se fabriquaient par milliers à Tanagra, parmi ces populations béotiennes que les Athéniens méprisaient tant. Cette industrie n’est pas nouvelle. Elle existe dès l’archaïsme. Mais, au ive siècle, sous l’influence de la diffusion du goût, elle va se perfectionner et s’étendre. Elle suit, comme un petit reflet timide, l’évolution du grand foyer. Archaïque avec lui, elle est avec lui puissante et lumineuse, puis, à l’époque praxitélienne, franchement familière. Mais, avant Praxitèle, le reflet est tout à fait perdu dans le rayonnement du foyer. A partir de Praxitèle au contraire, quand le foyer pâlit, le petit reflet devient, dans l’ombre qui commence, un point de lumière éclatant. La grande sculpture, faite pour décorer les temples et vivre dans l’espace, échoue en s’essayant aux choses familières. La figurine, faite pour décorer les demeures privées et suivre son propriétaire dans sa tombe afin de lui tenir compagnie et de lui gagner les dieux, est essentiellement familière d’inspiration et de destination. l était tout naturel qu’elle atteignît son apogée dans le siècle qui ramena les dieux parmi les hommes. l n’y a pas beaucoup de dieux dans les sépultures béotiennes : il y a des hommes, surtout des femmes, des enfants, même des animaux, même des jouets et des poupées, même des figures obscènes.

On a dit que l’art grec avait manqué de caractère. C’est le connaître assez mal, et peut-être seulement par les calomnies que les Académies, les copies romaines et les romans rétrospectifs ont répandues sur son compte. Qu’est-ce que le caractère ? C’est la mise en évidence des éléments descriptifs, mais non pittoresques d’une forme donnée. L’art du Ve siècle, qu’on a dit sans caractère, dépasse le caractère individuel. l exprime