Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art antique, 1926.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée

forme doit vivre dans l’espace par ses propres moyens, comme l’être vivant. C’est au niveau même des plans déterminés par sa vie intérieure, que l’atmosphère réelle doit venir la rencontrer. L’enveloppe est nécessaire au peintre seul qui transporte conventionnellement sur une surface plane la matérialité et la profondeur de l’espace. Si le sculpteur incorpore à la forme une atmosphère artificielle, l’atmosphère réelle la dévorera.

A l’époque alexandrine, la confusion est accomplie. 11 faut aux mystiques d’Asie, aux sceptiques d’Europe fatigués de leur scepticisme, l’enveloppe imprécise qui noie la forme, ouvre les rêves imprécis. La grande sculpture égyptienne, tout en gardant ses fortes traditions, s’était déjà orientée, à l’époque saïte, vers ces horizons nuageux. L’anecdote environnée du mystère de la peinture, tout l’art grec depuis Praxitèle y tendait. Le grand sentiment disparu, il fallait qu’un sentimentalisme neuf germât dans la douleur des foules et l’incertitude des esprits pour renouveler l’énergie du monde. C’est seulement dans ces tendances qu’on peut trouver dans l’art alexandrin une tentative obscure de fusionnement entre les aspirations essentielles des idéals du monde ancien.

L’idéal juif, c’est la justice. Il est limité, exclusif, par là intransigeant et dur. Comme tout excès passionnel, la passion sans contrepoids de la justice rend l’homme injuste pour ceux qui ne pensent pas comme lui, injuste pour lui-même dont la pensée ne connaît pas d’autre refuge que l’immolation de tous les jours ou l’impitoyable rigueur. Il est malheureux et seul, ne connaissant pas le pardon. L’idéal grec, c’est la sagesse, l’ordre du monde obéi et discipliné par l’intelligence, la conquête patiente, inclinée sur la vie, d’un équilibre relatif. l sent fort bien ce qui est juste, mais ce qui est beau et ce qui est vrai le passionne au même degré. l retrouve dans chacune de ces notions les échos des deux autres et l’une par les autres les complète, les tempère et les élargit. Phidias est dans Pythagore, et Socrate est dans Phidias.

Les Juifs devaient méconnaître le Christ, parce qu’il réagis-