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des Îles aux trois continents. Le mélange incessant des populations côtières produit un tourbillon vertigineux où quelques lames de fond, rapportant la violence et la pesanteur de l’Asie, soulèvent encore la passion humaine d’un élan désespéré. Mais l’âme grecque n’est plus qu’une écume s’évaporant à sa surface. L’homme a perdu son unité, ses efforts pour la ressaisir l’enfoncent dans une nuit plus épaisse. L’Autel ‘de Pergame, la dernière des grandes compositions d’ensemble que l’hellénisme nous ait léguée, est l’image de ce désordre. Là où était la sobriété est la richesse touffue, la confusion remplace l’ordre, le rythme s’affole et s’essouffle, l’effort mélodramatique étouffe toute humanité et la puissance oratoire se fait emphase et boursouflure. L’artiste, dans l’abondance de son verbe, étale avec fracas le vide de son esprit. Ce verbe est ardent, sans doute, d’une somptueuse couleur, tout secoué de clameurs et d’ébranlements, mais un peu comme un manteau chargé d’or et de gemmes où s’engouffre le vent. Scopas, du