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brise cette unité qui donnait aux formes du grand siècle leur rayonnement contenu. Pour exprimer la vie intérieure, il cherche à l’extérioriser. Et ce n’est plus comme une aurore, c’est comme un soir que l’âme monte des profondeurs pour se répandre à la surface. Praxitèle est l’Euripide de la sculpture. Sa mesure, son élégance, son esprit, la subtilité, la verve, le charme de son analyse n’arrivent pas à nous cacher qu’il doute de sa force et qu’il regrette, au fond, d’avoir perdu l’ivresse sainte dont il rit. Sous ses doigts, le plan s’amollit, hésite, laisse fuir l’énergie spirituelle que Phidias enfermait en lui. L’expression de la forme, distraite et comme un peu lassée, n’est plus le jeu des forces intérieures, mais celui des lueurs et des ombres ondulant sur son écorce. L’âme veut échapper à l’étreinte du marbre. On le voit bien, à ces grands fronts rêveurs sous l’ondulation des cheveux, à ces yeux reculant dans le mystère des orbites, à cette bouche sensuelle et vibrante, à ce charme imprécis de la face inclinée. Cela ne veut plus dire intelligence, cela veut dire sentiment. L’art en meurt, mais une vie nouvelle en germe qui, bien plus tard, et sous