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dulgent, dans un air salubre, près d’une mer fleurie, les êtres n’avaient pas les uns des autres un besoin très impérieux. L’expression moyenne de l’homme est une résultante du conflit quotidien de ses passions et de sa volonté. Le sculpteur grec connut les agitations sentimentales dont les reflets passent parfois sur les plus fermes entre les visages humains. Mais c’est plus tard seulement, avec la rupture définitive du rythme social, que ces reflets s’y imprimèrent en traces indélébiles. L’homme, que caractérisera alors un corps déjeté et souffreteux, un visage hagard, se définissait, pour Phidias, par un complet équilibre organique où le calme du cœur se répandait dans l’harmonie de la structure générale, dont la face tranquille ne constituait qu’un élément. La tête des femmes lapithes, la tête de Thésée, celle de Peitho, de l’Artémis du Parthénon expriment une vie profonde, mais paisible. C’est comme une grande épaisseur d’eau pure, pleine, limpide, sans un frisson. Le monde ne connaît pas encore l’eau toujours labourée par l’orage, noircie par les miasmes empoisonnés qui dormaient sous elle.

Praxitèle attire l’esprit vers l’épiderme des statues. Comme il le voit flotter sur leur visage en sourire imprécis, en inquiétude vague, en ombre lumineuse, il l’y fixe, et, du même coup,