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symbolique où vont se célébrer les noces des sens et de la volonté. Les statues, les peintures, tout l’effort plastique de l’intelligence s’emploient à le décorer. Le détail de sa construction, c’est le langage personnel de l’architecte. Son principe est toujours le même, ses proportions toujours pareilles, c’est le même esprit qui le calcule et l’équilibre. Tantôt le génie dorique y domine, par la colonne austère, sans ornements, large et courte. Tantôt le génie ionique y sourit, par la colonne longue, svelte comme un jet d’eau, doucement épanouie à son faîte. Parfois des jeunes filles en marche, toutes inclinées l’une vers l’autre, balancent sur leur front l’architrave, comme une corbeille de fruits. Souvent il n’a de colonnes que sur une ou deux faces, d’autres fois elles l’entourent tout entier. Qu’il soit petit ou grand, on ne pense jamais à sa taille. La loi du nombre, qu’il observe avec une telle aisance qu’on la dirait innée en lui, jaillissant du sol même avec les fûts qui s’élancent, arrêtant leur vol vertical entre le stylobate et l’architrave, les suspendant par le fronton dans une sorte de bercement immobile, la loi du nombre le met sans effort à l’échelle de l’univers matériel et spirituel dont il est le résumé. Il est au plan du golfe pur qui arrondit à ses pieds sa courbe où la lame vient, en cadence, balayer le sable blond. Il est au plan du promontoire qui le porte, violet ou mauve selon l’heure, mais toujours défini sur l’espace par une ligne continue, que l’ossature de la terre accuse avec netteté. Il est au plan du ciel diurne, qui sertit la régularité de son rectangle dans la ronde circulaire des horizons marins. Il est au plan du ciel nocturne qui tourne autour de lui selon le rythme musical et monotone où l’architecte a découvert le secret de ses proportions. Il est au plan de la cité dont il réalise, avec une mesure étrange, l’équilibre parfait que poursuivent vainement ses citoyens dans l’antagonisme nécessaire des classes et des partis. Il est au plan de l’âme des poètes et des penseurs, qui cherchent l’accord absolu du cœur et de l’intelligence dans la tragédie et le dialogue qu’il rejoint par le drame de sa décoration sculpturale inscrite irrévocablement dans son ordre définitif. Sur les Acro-