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ses volumes, en frémissant par toutes ses surfaces, dans l’abstraction géométrique. Avec l’un, l’homme est décrit dans sa forme stable, par sa charpente perpendiculaire, les faisceaux charnus des bras et des jambes dont les ondulations précises accusent ou masquent le squelette, par son ventre étroit, sa poitrine déployée et sonore, le cercle des clavicules et des omoplates portant la colonne du cou, la tête ronde au regard libre qui le continue sans un arrêt. Avec l’autre, il est décrit dans son action. Phidias n’aura plus qu’à faire pénétrer la statique de Polyclète et la dynamique de Myron en des masses plus rondes, plus pleines, définies par des plans plus larges et plus mêlés à la lumière pour faire rayonner le marbre d’une vie supérieure et donner un sens héroïque à cette forme et à cette action. En quelques années aussi rapides que l’imagination humaine, l’anthropomorphisme mûrit.

II

Chose admirable ! Même par la bouche de ses poètes comiques formés d’ailleurs aux grandes œuvres, nourris des mythes du passé, cette race tenait à proclamer sa foi. Il faut lire, dans La Paix, le mot émouvant, le mot religieux d’Aristophane : « L’exil de Phidias provoqua la guerre. Périclès, qui craignait le même sort et se défiait du mauvais caractère des Athéniens, chassa la paix... Par Apollon, j’ignorais que Phidias fût parent de cette déesse... Maintenant, je sais pourquoi elle est si belle. »