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rème de bronze. Mais dans les plis de sa robe rigide, dans ses étroits pieds nus plaqués au sol, son bras nerveux, ses doigts ouverts, dans ses épaules musculeuses, son cou large, ses yeux fixes, son crâne rond, une onde circule, lente, qui par saccades un peu raides tente de faire passer d’un plan à l’autre les forces de vie solidaires qui les ont déterminés. Mêmes surfaces implacables, mêmes passages durs dans les guerriers d’Egine, avec quelque chose de plus : ce chemin abstrait allant d’une figure à l’autre, à travers le vide, et faisant un tout continu, encore gêné et sans souplesse, et comme mécanique, mais où le sens des relations s’éveille irrésistible, fleur demi close et ferme qui veut s’ouvrir.

Tout se tient. L’évolution plastique, l’évolution morale montent dans un même flot pur. close a déjà dressé les Tyrannicides sur l’Agora, les mythes symboliques se déroulent autour de la frise des temples, et les grandes guerres nationales mêlent, aux frontons d’Égine, les divinités et les soldats. L’athlète va devenir l’homme, l’homme le dieu, en attendant que les artistes, après avoir créé le dieu, trouvent en lui les éléments d’une humanité nouvelle. Polyclète et Myron ont déjà pris à la forme du lutteur, du coureur, du cocher, du lanceur de disque, l’idée de ces proportions harmonieuses qui définiront le corps masculin le mieux fait pour sa fonction de force, d’adresse, d’agilité, de grâce nerveuse, de calme moral réunis. Au Dorien Polyclète la puissance rude et ramassée, l’harmonie virile au repos. A l’Athénien Myron l’harmonie virile en mouvement, la vigueur des plans musculaires qui s’étalent dans un vibrant silence, quand les tendons contractés bossèlent la tête des os, quand les sillons au fond desquels reposent les nerfs et les artères faits pour répandre l’énergie, se creusent au moment de l’effort entre les aponévroses bandées. L’un établit du corps humain l’architecture profonde, sa force de colonne nue, son apparente symétrie que le geste et le modelé brisent à peine, pour introniser le théorème dans la sensation. L’autre retrouve le théorème au cœur de la sensation même où la vivante arabesque rentre, en tordant tous