Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art antique, 1926.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

impose au granit et au bronze la docilité de l’argile, elle y retrouve l’ondulation de l’eau, elle promène sur eux la lumière et l’ombre comme des nuages sur le sol. Mais elle s’épuise à moduler les inflexions de son rêve beaucoup plus vite que la sculpture thébaine, parce que Thèbes a du moins fourni un long effort pour parvenir à formuler ce rêve, et qu’après ce rêve il n’y a plus rien si le monde extérieur reste à jamais interdit. Antée doit retoucher la terre. Le sculpteur grec, libre d’explorer à sa guise le monde des apparences, ne peut pas ne pas s’apercevoir qu’en découvrant les relations des plans il découvrira les rapports qui unissent à l’homme et unissent les uns aux autres tous les phénomènes sensibles qui nous révèlent l’univers. Le passage, où l’Égyptien n’a vu qu’un exercice métaphysique admirable, devient avec le Grec l’instrument de l’investigation sensuelle et rationnelle. Après lui, le passage est au plan sculptural ce que la philosophie est à la science.