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recherche constante de l’équilibre universel, la force des bras et des jambes, la grande gymnastique est née. Déjà, de toutes les régions du monde grec, des îles, des colonies lointaines d’Italie et d’Asie, les jeunes hommes viennent disputer à Olympie et à Delphes la couronne d’olivier. Pour courir, pour lutter, pour lancer le disque, ils sont nus. Les artistes qui accourent à ces rendez-vous nationaux, comme tout ce qui répond au nom d’Hellène, ont sous les yeux le spectacle des mouvements de la charpente humaine et du jeu complexe des muscles roulant sous la peau brune, écorchée, durcie par les cicatrices. La sculpture grecque naît dans le stade. Elle mettra un siècle à en franchir les gradins et à s’installer au fronton des Parthénons définitifs pour y devenir l’éducatrice des poètes et après eux des philosophes. Ils viendront nourrir leur esprit au spectacle des rapports de plus en plus subtils qu’elle établira dans le monde des formes en mouvement. Il n’y eut jamais de plus glorieux, de plus saisissant exemple de l’unité de notre action : l’athlétisme, par l’intermédiaire de la sculpture, est le père de la philosophie, du moins de la philosophie platonicienne, dont le premier soin fut de se retourner contre la sculpture et l’athlétisme pour les tuer.

La Grèce, par l’Apollon dorien, passe de l’art primitif à l’archaïsme proprement dit. L’artiste regarde la forme avec plus d’attention, en dégage péniblement le sens et le transporte dans son œuvre avec tant d’intransigeance qu’il lui impose une apparence d’édifice dont l’architectonique paraît ne pas