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à des sources si pures et si poétisées par les chanteurs que les philosophes, quand ils croiront lutter contre elle, ne feront que dégager d’elle la conception rationnelle du monde que ses symboles recouvraient. Sans doute, l’homme craint les dieux. Mais comme les dieux lui ressemblent, ils ne détournent pas sa vie des rapports normaux et naturels qui la lient à celle des hommes. Le prêtre n’a que peu d’action. La Grèce est peut-être le seul des vieux pays où la caste sacerdotale n’ait pas vécu en marge du peuple pour lui représenter le mystère comme un domaine réservé. De là la rapidité de son évolution et la liberté de son enquête.

A peine si, tout au début, l’art de la Grèce se préoccupe des puissances ennemies qui entravent nos premiers pas. Bien qu’il se place déjà sous la protection des forces intelligentes, l’homme n’a pas oublié les luttes qu’avait dû soutenir l’aïeul contre les forces brutales d’un univers qui le repoussait. Ce souvenir s’inscrit dans les sculptures qui montraient, sur le fronton du Parthénon de Pisistrate, Zeus luttant contre Typhon ou Héraclès terrassant Echidna. Ouvre barbare, violemment bariolée de bleus, de verts, de rouges, souvenir des avalanches, des antres redoutés, des orages du nord dans la montagne, cauchemar de sauvages encore mal instruits par l’Asie et l’Égypte, mais devenus curieux déjà, et avides de comprendre. L’enfer païen durera peu.