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illuminé et l’eau qui roule des rayons comme si une source de flamme s’épanchait sous ses vagues, il est au centre d’un saphir un peu sombre, enchâssé dans un cercle d’or. Les masses et les lignes s’organisent si simplement, découpant des profils si nets sur la limpidité de l’étendue, que leurs relations essentielles s’écrivent toutes seules dans l’esprit. Pas de contrée au monde qui s’adresse à l’intelligence avec plus d’insistance, de force, de précision que celle-là. Tous les aspects typiques de l’univers s’offrent avec la terre, partout pénétrée par la mer, avec l’horizon maritime, les îles osseuses, les détroits dorés et mauves entre deux masses liquides étincelant jusqu’au cœur de la nuit, les promontoires si calmes et si nus qu’ils semblent des socles naturels pour notre âme reconnaissante, les rochers répétant du matin au soir tous les changements de l’espace combinés avec la marche du soleil, les forêts sombres dans les montagnes, les forêts pâles dans les vallées, les collines environnant de toutes parts les plaines sèches, les rivières bordées de lauriers roses dont on peut embrasser le cours tout entier d’un coup d’œil.

Sauf dans le Nord, massifs tourmentés, ravins sauvages, grottes sinistres d’où les vapeurs souterraines sortent avec des grondements, bois noirs de pins et de chênes, sauf aux pays rugueux des légendes primitives où l’homme raconte son effort pour dompter la nature hostile, peu ou pas d’aspects effrayants, une terre accueillante, un climat moyen, doux, mais assez rude l’hiver. La vie proche du sol, active sans excès, et simple. Ni misère, ni richesse, la pauvreté. La maison de bois, les vêtements de peau, l’eau froide des torrents pour laver la poussière et le sang du stade. Peu de viande pour se nourrir, celle de la chèvre qui broute entre les fissures des rocs, un peu du vin mêlé de résine et de miel qu’on garde dans les outres, du lait, du pain, les fruits des pays secs, l’orange, la figue, l’olive. Rien dans les horizons, rien dans la vie sociale qui puisse faire naître ou développer les tendances mystiques. Une religion naturiste, très fruste dans les croyances populaires, peut-être même assez grossière, mais puisée