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cipliné sa violence, mais il restait rugueux, tout d’une pièce, très primitif. Ses idoles, les Xoana qu’il taillait à la hache dans le chêne et l’olivier à peine deux cent cinquante ans avant le Parthénon, sont si frustes qu’elles semblent antérieures aux os gravés des chasseurs de rennes. C’est à une race tout à fait inculte qu’allait échoir l’héritage intellectuel de l’Égypte et de l’Asie qui lui demandaient, en échange de leur haute spiritualité et de leur profond sensualisme, l’élan et la puissance de sa virilité. Les habitants des rivages doriens, des îles qui occupaient le centre de la Méditerranée orientale, voyaient venir à eux, du fond de la mer, des voiles de plus en plus nombreuses. Leurs contacts avec les civilisations voisines se multipliaient tous les jours. Au croisement de tous les chemins maritimes du monde ancien, ils allaient bientôt le sentir remuer tout entier en eux.

Les Grecs avaient le privilège d’habiter un pays tellement inondé, tellement abreuvé, tellement saturé de lumière, tellement défini par sa propre structure, que les yeux de l’homme n’ont qu’à s’ouvrir pour en dégager la loi. Quand il pénètre dans un golfe fermé par un amphithéâtre de montagnes, entre le ciel