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des vieux poèmes entassèrent sur les promontoires fortifiés ces lourdes pierres, murs cyclopéens, murs pélasgiques à l’ombre desquels les Atrides couronnés d’or, pareils aux rois barbares qui deux mille ans plus tard sortirent des forêts du Nord, s’attablaient devant les viandes et les vins avec leurs familiers et leurs soldats.

De pareilles origines n’avaient pu que les subtiliser et les durcir. Eschyle l’a senti quand il est venu là, après huit siècles, écouter dans la solitude l’écho des cris de mort de la famille épouvantable. Ces pirates prenaient pour aire, près de la mer, des sites en accord tragique avec leur vie de meurtres et les orgies pesantes qui succédaient à l’action. Un cirque de collines nues, dévorées par le feu et qu’aucun torrent, aucun arbre, aucun cri d’oiseau n’anime. On retrouve leur vie aux flancs du vase rudement ciselé de Vaphio, aux pans de murs restés sous les décombres de Tirynthe et de Cnossos, morceaux de fresques aussi libres que le vol des oiseaux de mer et d’un art terriblement candide mais déjà décomposé. Des femmes, la poitrine nue, du rouge aux lèvres, du noir autour des yeux, vêtues avec un mauvais goût barbare