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des générations qui nous ont formés, l’âme des vieux peuples vit dans la nôtre. Mais ils ne nous paraissent participer à notre propre aventure que si leur esprit silencieux anime encore les visages de pierre où nous reconnaissons nos désirs toujours jeunes ou si nous entendons retentir le bruit de leur passage sur la terre dans l’écroulement des temples qu’ils ont élevés. L’Égypte, la Chaldée elle-même, par l’Assyrie et la Perse qui la prolongent jusqu’à nous, projettent leur ombre sous nos pas. Elles ne nous sembleront jamais très lointaines. La Grèce primitive, au contraire, qui n’entre dans le monde que plusieurs siècles après elles, recule beaucoup plus dans l’imagination, jusqu’au matin de l’histoire. Il y a vingt ans, nous ne savions pas si les empreintes presque effacées qu’on relève çà et là sur les rivages et dans les îles de la mer Égée, appartenaient à des hommes ou à des ombres fabuleuses. Il a fallu creuser le sol, déterrer des pierres, renoncer pour un temps à ne retrouver en elles que nous-mêmes, pour entrevoir l’humanité fantôme qui peuplait, avant l’histoire, la Méditerranée d’Orient. Schliemann, qui croyait Homère sur parole, a retourné la plaine d’Argos