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les saisons, le mouvement des astres. Ce sont des entités psychologiques, des monstres parfaitement conscients, faits à l’image et à a mesure de l’homme. Zeus et Arès, Athéna et Aphrodite, Hermès et Héra, quelquefois admirables - dès qu’il s’agit d’assouvir leur passion - de courage et d’autorité, sont des crapules authentiques, tour à tour fourbes et cruels, menteurs, vindicatifs, paillards, sadiques, -souvent stupides par surcroît. Je n’y vois pas d’inconvénient, puisque ce sont des hommes. Mais alors, comment ont-ils pu si longtemps passer pour des dieux.

C’est que, tels qu’ils sont, ils poussent, dans a fureur ou a vaillance ou a cruauté ou a dissimulation, fleur impulsion jusqu’au bout d’elle-même, jusqu’à la plus intransigeante et définitive perfection. Si le génie grec, à tout prendre, n’est qu’un relatif humain, c’est un absolu hellénique et momentanément européen, dont le christianisme n’a fait que dégager précisément l’idée de perfection pour la pousser tout entière, d’un bloc, dans un sens unilatéral, et bâtir sur cette illusion un système trop rigide, mais aussi logique qu’il se peut. Le saint hérite du héros, voilà tout, et, dans tous les domaines, moral, esthétique, social, simultanément ou tour à tour, c’est l’un ou l’autre qui règne pour imposer à l’homme une idée force unique qui abouta ici à l’ascétisme, là au puritanisme, ailleurs à l’académisme, un autre jour au communisme. Je n’en méconnais pas les bienfaits historiques. Mais il est d’autres idées forces aussi bienfaisantes, que l’étude approfondie du monde spirituel non hellénique nous révèle, surtout par l’éclatante évidence de la beauté plastique multiorme, et dont la connaissance replace, pour toujours sans doute, l’art grec à son plan, que définit la discipline acceptée, pendant trente siècles, par un très petit peuple d’abord, ensuite par une moitié du plus petit des continents pour utiliser leurs moyens.

Cependant, je le répète, le génie grec, dans le sens où il s’exerce, est allé aussi loin, sinon aussi profond que possible, et rien ne démontre que si les Égyptiens nous semblent