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l’ Orient. C’est encore lui qui réfléchit les jours ardents, les nuits de perle fauve sur les coupoles et les minarets des villes mystérieuses enfouies sous les cyprès noirs et les roses.

Quand Alexandre parvint au seuil de ces palais, traînant derrière ses chars militaires tous les vieux peuples vaincus, il était comme le symbole incarné des civilisations antiques errant à la recherche de leurs énergies dispersées. Son rêve d’Empire universel devait durer moins encore que celui de Cambyse et de ses successeurs. L’union n’est réalisable que voulue par une foi commune et tendant à un même but. L’Égypte, la Chaldée, l’Assyrie, épuisées par leur production gigantesque, touchaient à la fin de leur dernier hiver. Les Juifs marchaient dans leur solitude intérieure vers un horizon que personne n’apercevait. Rome était trop jeune pour imposer au monde oriental vieilli cette harmonie artificielle qui, trois siècles plus tard, lui donna l’illusion d’un arrêt dans son agonie léthargique. La Grèce, sceptique, souriait à sa propre image. Pourtant, le Macédonien se prétendait l’apôtre armé de sa pensée et tout le monde ancien subissait son ascendant moral. Malgré tout c’était elle encore, dans cet immense flottement des énergies civilisatrices hésitant à se déplacer vers un Occident plus lointain, qui représentait en face du réveil confus des puissances brutales et des puissances mystiques, le jeune idéal de raison et de liberté.