Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art antique, 1926.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

terroger leur cœur. Il leur suffit de servir de moyen d’échange aux idées des autres et de léguer au monde l’alphabet, invention positive que rendu nécessaire l’étendue et la complication de leurs écritures commerciales. Chypre, l’éternelle serve, soumise à leur influence, mêlait l’Assyrie déchue à la Grèce naissante en des formes empâtées et lourdes où l’intelligence de l’une et la force de l’autre se nuisent en voulant s’unir. Quant aux Hittites, pris entre les Égyptiens et les Assyriens et refoulés dans la Syrie du Nord, ils ne furent jamais assez maîtres d’eux-mêmes pour chercher dans le monde extérieur la justification du désir qui les poussa à tailler la pierre en frustes bas-reliefs où reste l’empreinte morale du vainqueur.

Les Sémites, de par la gravité et la vigueur de leur histoire, eussent pu prétendre ramasser l’instrument d’éducation humaine que laissait tomber l’Assyrie, d’autant plus qu’ils avaient absorbé par la conquête pacifique les populations mésopotamiennes, et que leur race dominait de l’Iran à la mer. Mais leur religion repoussait le culte des images. Tout leur effort s’employa à élever un édifice unique, maison d’un dieu terrible et solitaire. Et cet effort n’aboutit pas. Le Temple de Salomon n’était pas digne de ce génie juif si grandiosement synthétique, mais fermé et jaloux, qui écrivit le poème de la Genèse et dont la voix de fer a traversé les temps.

La Perse seule, maîtresse des foyers de la civilisation orientale pouvait, en ramassant dans un élan dernier les énergies faiblissantes des peuples qu’elle avait vaincus, tenter un résumé de l’âme antique au cours des deux cents ans qui séparèrent son apparition dans le monde de la conquête macédonienne. L’Égypte, l’Assyrie, la Grèce, elle assimila tout. Deux siècles, elle représenta l’esprit oriental déclinant en face de l’esprit occidental qui sortait de l’ombre. Elle eut -.même la destinée exceptionnelle de ne pas disparaître tout à fait de l’histoire et de manifester vis-à-vis d’une Europe changeante, tantôt très civilisée et tantôt très barbare, un génie assez souple pour accueillir tour à tour les idées du monde hellénique, du monde