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les formes naturelles qui représentent à nos yeux la puissance animale armée. En général, comme en Égypte, la tête du monstre est humaine hommage obscur et magnifique rendu par l’homme de violence à la loi de l’homme essentiel qu’il porte en lui, et qui est de vaincre la force aveugle par la force de l’esprit.

III

Cette force disciplinée, elle montait avec lenteur à l’horizon du monde antique. Les peuples qui reçurent de l’Assyrie le dépôt de nos conquêtes et qui tenaient déjà des cultivateurs iraniens le culte du pain et des labours, l’adoration du feu, force centrale de la vie civilisée, les premières notons philosophiques du bien et du mal qu’Ormuzd et Ahriman personnifient, les peuples des montagnes de l’ Est entraient dans l’histoire avec un idéal moins dur. Maîtres des hauts plateaux, les Mèdes, après de longues luttes, avaient renversé l’Empire des fleuves pour se répandre sur l’Asie Mineure. Puis Cyrus avait donné l’hégémonie aux Perses et bientôt, toute l’Asie Occidentale, du golfe Persique au Pont-Euxin, la Syrie, l’Égypte, la Cyrénaïque, Chypre, les bords de l’Indus obéissaient à ses successeurs. Les poitrines grecques seules avaient arrêté la vague à Marathon. Mais ce brassage incessant des hommes et des idées faisait son œuvre. Si les armées du Roi des Rois restaient soumises à la discipline effroyable qu’elles tenaient des Sars assyriens, du moins la Perse politique laissait-elle aux pays qu’elle venait de conquérir la liberté de vivre à peu prés à leur guise. L’énorme empire médo-persique devint une sorte de monarchie fédérale dont les éléments, sous la direction des satrapes, gardaient leurs mœurs et leurs logis. L’atmosphère du monde oriental se faisait plus respirable, comme elle le fut en Occident quand Rome l’eut soumis tout entier. Les hommes cultivaient leurs champs et échangeaient dans une paix relative