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anciennes à des essais enfantins. Les Égyptiens, les Assyriens n’auraient tracé que les ébauches d’une figure supérieure réalisée par les Grecs. Comme dans les images enfantines, sans doute, l’œil est de face, très large, éclairant un visage de profil. Sans doute l’artiste thébain ou ninivite satisfait le besoin de continuité que l’enfant partage avec tous les êtres et qui est la condition même de son développement logique, en suivant avec une complaisance infatigable la ligne ininterrompue des contours, l’oeil défini par la découpure des paupières, l’arête antérieure du visage dont le plan fuit et flotte dès qu’il se présente de face. Mais ce n’est que dans le basrelief décoratif ou la peinture, langage de convention, que se révèle en Égypte et en Assyrie cette insuffisance matérielle de technique qui n’enlève rien à la force du sentiment et laisse intacte l’incomparable conception de la masse et de la ligne évocatrice. L’art assyrien, l’art égyptien représentent un effort synthétique d’une puissance d’intuition et d’une profondeur dont il est tout à fait puéril de croire l’enfance capable. Et quand l’Égyptien s’empare de son vrai mode d’expression, la sculpture, il y révèle une science que d’autres préoccupations morales et sociales pourront seules animer d’une vie différente et sans doute plus libre et plus compréhensive, mais non pas plus ardente et certainement moins mystérieuse. L’art des vieux peuples se développe en lui-même, il accepte les cadres fixes des grandes constructions métaphysiques qui l’empêchent d’exprimer les rapports infiniment complexes et multiples de l’être en mouvement avec le monde en mouvement. La liberté politique et religieuse seules briseront le moule archaïque pour révéler à l’homme déjà défini dans sa structure, sa place dans l’univers.

La société assyrienne est particulièrement éloignée de ces préoccupations-là. Elle ne s’intéresse qu’aux aventures de guerre ou de chasse dont le Sar est le héros. Les murs de son palais redisent sa gloire, sa force. Aucun désir d’améliorer la vie, aucune tendresse agissante. Quand ils ne célébreront pas un meurtre, ils feront défiler des soldats allant vers le meurtre.