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la poésie de leur âme. Le meurtre est un enivrement. A force de voir couler le sang, à force d’attendre la mort, on arme le sang et tout ce qu’on fait dans la vie sent la mort. Toujours le massacre, les batailles, la marée militaire montant et descendant pour porter autour de Ninive ou retourner aux peuples voisins la dévastation. Toujours le grouillement anonyme dans la pourriture et la misère, les miasmes des eaux, le feu dévorateur du ciel.

Quand ce peuple n’égorge pas, n’incendie pas, quand il n’est pas décimé par la famine ou la tuerie, il n’a qu’une fonction. C’est de bâtir et de décorer des palais dont les murs verticaux aient une épaisseur suffisante pour protéger le Sar, ses femmes, ses gardes, ses esclaves, vingt, trente mille personnes, contre le soleil, l’invasion, peut-être la révolte. Autour des grandes cours du centre sont les appartements couverts de terrasses ou de dômes, de coupoles, images de la voûte absolue des déserts que l’âme orientale retrouvera