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fortement indiqué dans le bas-relief de Tello où des vautours emportent entre leurs serres et déchirent de leurs becs des lambeaux de corps humain, et dans les denses statues noires aux muscles proéminents.

II

L’art de la Mésopotamie du Nord hérite de l’art babylonien comme la civilisation ninivite de la société chaldéenne. La langue que parleront ses artistes est à peu près la même, car le sol, le ciel et les hommes ne sont pas très différents. Seulement, avec la transformation de l’ordre social et des conditions de la vie, le positivisme chaldéen est devenu brutalité. Le prêtre savant a fait place au chef militaire qui a usurpé à son profit et au profit de sa race les commandements temporaires que lui confiaient ses compagnons de chasse et de combat. Le roi n’est plus en Assyrie, comme en Égypte, le comparse et l’instrument du prêtre, il est le Sar, le chef temporel et spirituel obéi sous peine de mort. L’astronome assyrien, sans doute, connaît la science chaldéenne, mais son rôle se borne à faire parler les astres dans le sens des désirs et des intérêts du maître. L’astrolâtrie chaldéenne, religion essentiellement naturaliste et positive, s’est transformée avec l’état social. Les symboles se sont personnifiés comme la force politique le soleil, les planètes, le feu sont maintenant des êtres réels, de terribles mangeurs d’hommes dont le Sar est le bras armé.

Ce Sar est pétri de tares ataviques, déformé avant de régner par l’autocratie séculaire. Il est muré par un monde de femmes, d’eunuques, d’esclaves, d’officiers, de ministres, dans une épouvantable solitude. Le luxe, la pesanteur de la vie matérielle ont écrasé son cœur. C’est une bête sadique. Il est énervé d’ennui, de luxure et de musique, d’odeurs de charniers et de fleurs. On fait brûler, on fait bouillir des hommes pour l’assouvir, on lui montre des chairs vivantes que le poison