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découvrir. Sans doute l’immobilité de l’Égypte n’avait jamais été qu’une apparence. Mais son idéal, s’il essayait de se définir sous des formes nouvelles, changeait peu, car les enseignements de son sol ne variaient guère et c’était toujours avec le même milieu que l’homme avait à compter. Seulement, elle avait déployé de longs efforts à approcher cet idéal. C’est pour cela qu’elle n’était pas morte. Elle luttait. Mais l’empire thébain fut immobile. Le dogme ne bougeait plus, l’ordre social était coulé dans son moule granitique que scellait la monarchie. L’enthousiasme s’use à recommencer tous les jours la même conquête. Sous les Ramessides, l’effort trop tendu pendant les dynasties précédentes se désunit. La guerre extérieure continuelle, les invasions, les influences étrangères découragent et désorientent l’énergie des Égyptiens. Après quinze siècles de production ininterrompue, le statuaire thébain manie la matière avec trop de facilité. L’occultisme est pourtant aussi cultivé dans les classes sacerdotales et aussi maître de diriger l’effort de l’artisan. Mais l’action n’est plus en lui. Il perd ce sens prodigieux de la masse qui concentre la vie dans une forme décisive dont toutes les surfaces semblent rejoindre l’infini par leurs courbes illimitées. Chaque année, il livre par centaines des statues fabriquées à la grosse, d’après le même modèle industriel. L’école est faite. L’idéalisme