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selle, le rôle de centre conscient de l’ordre qu’elle nous impose. Elle ne connaîtra pas la liberté vers laquelle elle était en marche à l’époque de Memphis et que ses peintres soupçonnent en tâtonnant dans l’ombre des tombeaux. Le prêtre lui défend de demander au mouvement confus de la nature l’accord de sa science et des aspirations sentimentales qu’elle ne peut pas contenir et qui rayonnent du basalte comme d’un soleil arrêté.

Maître de l’âme, ou du moins tenant au poignet la main qui l’exprime, le prêtre permet tout au roi, qui permet tout au prêtre. Du commencement du Moyen Empire à la fin du Nouveau, l’Égypte revient à l’esprit qui dressa les Pyramides. Elle va se couvrir de temples géants et de colosses, Ibsamboul, Lougsor, Karnak, Ramesseum, Memnon, entassements, murs, pylônes, statues démesurées, sphinx, meules de pierre par qui l’orgueil des rois broie les multitudes consolées par l’orgueil de faire des dieux. A ce moment tout est possible au sculpteur géomètre. On ne sait pas s’il taille les rochers en colosses ou s’il donne aux colosses l’apparence des rochers. Il pénètre dans les massifs granitiques, y creuse des salles immenses, les couvre du haut en bas de bas-reliefs et d’hiéroglyphes peints, donne à leur front qui regarde le Nil l’aspect de figures géantes aussi catégoriques que ses profils primitifs et