Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art antique, 1926.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

mais le corps est coulé dans un canon d’une science architecturale qu’on n’atteindra plus. Un pied est devant l’autre pied, ou à côté de lui, la statue, presque toujours c Biffée du pschent, est demi-nue, debout les bras collés au corps, ou assise, les coudes au thorax, les mains sur les genoux, le visage droit devant elle, les yeux fixes. Il lui est interdit d’ouvrir les lèvres, interdit de faire un geste, interdit de retourner la tête, interdit de se lever, interdit de quitter son socle pour se mêler aux vivants. On la dirait liée de bandelettes. Pourtant elle porte en elle, dans son visage où la pensée erre avec la lumière, dans son corps immobilisé, toute la vie qui s’étale sur les parois des tombes, l’éclatante vie des ténèbres.

Une onde la parcourt, onde souterraine, dont la rumeur est étouffée. Ses profils ont la sûreté d’une équation de pierre, un sentiment aussi vaste que tout ce que nous ignorons habite en elle sourdement. Jamais elle ne le dira. Le prêtre a enchaîné ses bras et ses jambes, cousu sa bouche de formules mystiques. L’Égypte n’atteindra pas l’équilibre philosophique, ce sens du relatif qui nous donne la mesure de notre action et, en nous révélant nos vrais rapports avec l’ensemble des choses nous assigne, dans l’harmonie univer-