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On voit apparaître nettement le geste obsédant d’accaparer. Ce geste devient tout à fait redoutable quand il se conclut par l’empochage automatique de l’objet palpé, sorte de vol que les magistrats, et même les médecins connaissent fort peu et aboutit à cette curieuse forme de vol que j’ai appelé le vol à répétition. On flétrit à tour de bras le récidiviste du vol qui, bien souvent, jouit d’une intéressante et sympathique mentalité. Que de récidivistes de cet ordre sont acculés à la relégation, qui ne sont, au demeurant, que des obsédés, à plaindre. Dans ces cas, il s’agit du vol habituel et répété du même objet : le voleur de vélo ne prendra jamais que des vélos qu’il dépose en un coin, après un simulacre d’usage, pour rechercher un autre vélo. Des centaines de vols à l’étalage n’ont pas d’autre mécanisme.

Et nous arrivons à la forme parfaite, théorique, stéréotypée du vol qui est la kleptomanie. Ordinairement récidivante, elle coïncide alors avec un état d’âme parfaitement pur de toute mauvaise intention. C’est le type de l’obsession irrésistible, parfaitement consciente, et qui torture cruellement l’obsédé.

Du simple chapardage a la kleptomanie, le cycle est complet. Nous avons vu toutes les étapes du geste accapareur centripète.

Notons que les sujets peuvent s’arrêter et s’en tenir à l’une des étapes ci-dessus décrites, ou glisser sur la pente qui les conduira au syndrome parfait.

Telle est la progression psychologique, naturelle du geste de voler. Le lecteur pourra aisément suivre, d’un côté, le geste utile intéressé, raisonné, logique qui, du simple désir, conduira vers le vol-délit et, d’un autre côté, le même geste acquisitif, utile ou non, mais entaché de morbidité.

Au fond, le mécanisme intime reste le même et procède des mêmes éléments subjectifs. — Docteur Legrain.


VOLCAN n. m. (du latin Vulcanus : Vulcain, dieu du feu). Un volcan est une sorte de cheminée mettant en communication le noyau central liquide et incandescent de la terre avec la surface.

Le volcan prend généralement la forme d’un cône traversé par la cheminée, dont l’ouverture du sommet est appelée cratère. Il peut se développer dans une région accidentée, voire même dans une plaine, mais, le plus souvent, il occupe le sommet d’une montagne. Un volcan se compose de trois parties : le cône, formé par l’accumulation des déjections : laves et débris ; le cratère, par où s’échappent les laves et les gaz ; la cheminée, par laquelle ces matières viennent de l’intérieur. Le cratère est l’ouverture plus ou moins évasée qui surmonte immédiatement la cheminée. Il commence à l’extrémité supérieure de celle-ci et se termine à la crête supérieure du cône principal. Il est appelé « central » lorsqu’il occupe le point culminant du volcan, mais il peut se trouver sur les flancs de celui-ci. Il arrive fréquemment qu’un même volcan possède plusieurs cratères (cratères adventifs). On en compte ainsi, 30 sur le Vésuve et 700 sur l’Etna. Certains cratères présentent de grandes dimensions, celui du Pichincha a 1.600 mètres de diamètre ; celui du Vulcano, 550 mètres. Plusieurs cratères des îles de la Sonde dépassent 6 kilomètres de diamètre.

Il est rare qu’un volcan soit en activité constante. Le plus souvent, il est intermittent. Durant les périodes de repos, le cratère est obstrué par une masse de laves solidifiée : le culot. Mais il dégage souvent des gaz et des vapeurs. Lorsqu’une éruption doit se produire, elle est annoncée par un dégagement plus intense de vapeurs, des secousses sismiques et des grondements souterrains. Des manifestations explosives se produisent ensuite et se manifestent par une colonne de fumée caractéristique, immense jet vertical d’une hauteur considérable et terminé par un panache en forme

de parasol. Ces manifestations cessent dès l’arrivée des laves. Au cours d’une éruption, un volcan émet trois espèces de déjections : des produits liquides (laves), des produits solides (cendres et scories), des produits gazeux : vapeur d’eau, hydrogène sulfuré, gaz carbonique, etc… Les laves, dont la composition est variable, tiennent la plus grande place dans les formations volcaniques. Elles ne sont autre chose que de la roche en fusion qui s’écoule par le cratère ou les crevasses s’ouvrant dans les flancs du volcan ; elles forment de gigantesques coulées recouvrant souvent d’immenses surfaces. Leur température varie entre 1.000 et 2.000 degrés au-dessus de zéro.

Les cendres sont des gouttelettes de lave chassées à l’état liquide par les gaz de l’éruption ; elles se solidifient dans l’atmosphère. La quantité de cendres émises par un volcan est toujours énorme. Après s’être élevées à plusieurs kilomètres dans les airs, elles peuvent être entraînées par le vent à de grandes distances. En 1876, au cours de l’éruption de l’Hecla, en Islande, les cendres rejetées par le volcan retombèrent à Stockholm, à deux mille kilomètres du lieu de l’éruption. Quand ces cendres sont mêlées à de l’eau provenant soit des pluies, soit de neige ou de glace fondue, elles forment des masses de boue qui, en se solidifiant, forment des « tufs ». Les scories, qui offrent une grande ressemblance avec le coke, semblent provenir de la dislocation des parois du volcan. Les « nuées ardentes » formées de projection de vapeur d’eau et de gaz à haute température se précipitent en lourdes volutes très serrées qui anéantissent toute vie où elles passent. Ces nuées ravagèrent, en 1902, le nord de l’île de la Martinique et la ville de Saint-Pierre.

Il existe des volcans en activité constante, tels le Stromboli, dans la Méditerranée, et le Mauna Loa, dans l’île Hawaï. Ce dernier s’élève à 4.200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ses flancs sont déchirés par une immense ouverture, le Kilouéa, au fond de laquelle s’agite un lac de feu. Ce cratère a une circonférence de plus de 35 kilomètres. La présence des eaux de la mer, et la pression produite par leur masse sur le fond, n’arrêtent pas l’action du feu central qui provoque des éruptions sous-marines amenant l’émersion d’îles nouvelles.

Il y a des volcans dans toutes les parties du monde. On en connaît plus de 800, dont 139 en activité constante ou intermittente. La plupart sont dans des îles, les autres dans le voisinage de la mer. Les plus nombreux entourent l’Océan Pacifique d’une chaîne continue, Au Nord, ce sont les volcans du Kamtschatka, des Iles Aléoutiennes et de l’Alaska ; à l’Est, ceux de la Cordillière, couvrant les deux Amériques ; à l’Ouest, ceux des îles de l’Asie, Kouriles, Japon, Mariannes, Archipel Malais, Nouvelle-Guinée ; au Sud, ceux des Iles Salomon, de la Mélanésie, de la Polynésie et de la Nouvelle-Zélande. L’Océan Atlantique est moins riche en volcans. En dehors de ceux de l’Islande, il existe ceux des Açores, des Iles Canaries, des Iles du Cap Vert et des Antilles. En Europe, il faut citer le Stromboli et le Vulcano (Iles Lipari) ; en Italie, le Vésuve, et, en Sicile, l’Etna. Mentionnons les volcans Erebus et Terror, situés dans les solitudes glacées du Pôle Sud. Les époques primaire et tertiaire, périodes géologiques ayant précédé la nôtre, ont été caractérisées par une activité volcanique intense, résultat de la surrection d’énormes chaînes de montagne.

Les théories expliquant le volcanisme sont diverses et ne peuvent être considérées comme définitives.

Il est à remarquer que les chaînes volcaniques suivent ordinairement les lignes de dislocation de l’écorce terrestre. Les volcans occupent le versant le plus abrupt de ces dislocations ; ils se trouvent au voisinage de la mer et près des grandes profondeurs. A l’intérieur des terres, ils sont localisés sur les bords des grandes