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raît l’Univers actuellement connu. Le monde des étoiles nous dévoile aujourd’hui sa constitution chimique ; ses mouvements individuels et collectifs ; son âge et le degré d’évolution de ses membres, leur température, leur rythme et leurs pulsations. L’Univers, révélé par nos moyens d’investigation actuels — bien faibles à côté de ceux de demain — semble donc formé par deux millions de nébuleuses spirales aussi vastes que notre système stellaire, séparés entre eux par des déserts de vide dépeuplé, que la lumière si rapide ne franchit qu’en des milliers de millénaires. Nous n’avons exploré qu’environ la 1/600e partie du rayon de l’Univers, qui pourrait avoir, d’après les estimations théoriques, 500 millions d’années-lumière de longueur. Cet Univers si riche, si gigantesque, véritables fourmilières de soleils, est-il donc infini ? Oui, disent les uns ; non, disent les autres, à la suite d’Einstein.

Si l’Univers stellaire tout entier est constitué par la Voie Lactée et ses annexes, l’univers peut être considéré comme fini, comme pratiquement limité. Si l’on considère la Galaxie comme une unité parmi les millions de spirales que l’observation révèle, l’Univers accessible sera-t-il formé d’un amas de nébuleuses galactiques en nombre fini ? Seule l’expérience de l’avenir nous le dira. Mais il est presque certain que nous nous rallierons aux conclusions d’Einstein et qu’avec lui nous affirmerons que l’Univers, si vaste qu’il soit, est fini, quoique illimité. Si l’on considère l’espace-temps du point de vue Einsteinien de la relativité, l’Univers serait incurvé : la courbure de l’espace devant être constante et telle qu’il se referme sur lui-même à la façon d’une surface sphérique. De même qu’un être se déplaçant à la surface d’une sphère pourra indéfiniment en faire le tour en tous sens sans être arrêté par une limite, de même un rayon de lumière — étant donné la courbure de l’Espace — pourra faire le tour de l’Univers sans être arrêté dans sa course. Nous pouvons donc considérer, en attendant les découvertes de demain, l’Univers comme un espace clos, fini, aussi fini que la surface de la Terre.

Quelle que soit la valeur de ces hypothèses, malgré que les notions qu’elles apportent semblent prédire que l’Univers présente toutes les apparences d’une évolution à sens unique et que sa mort apparaisse inéluctable, dans un temps infiniment long, les savants modernes n’en ont pas moins conclu à l’éternité de l’Univers. Celui-ci est et restera toujours la même fourmilière d’étoiles brillantes, se dissipant et se renouvelant sans cesse. Grâce aux méthodes positives qui ont permis de mieux interroger la nature, l’Astro-Physique a levé le voile qui nous cachait la réalité des espaces de l’immensité sidérale. La matière-énergie, les lois naturelles agissant dans le Cosmos semblent, aujourd’hui comme hier, éternelles et indestructibles. Et si l’observation directe des phénomènes naturels nous a conduit à faire table rase des productions de la science antique, basées sur l’hypothèse et l’intervention des forces occultes dont les fables mythologiques avaient peuplé les cieux, elle fait confiance aux forces de l’homme, ce misérable insecte chétif, qui a su, une fois dégagé de son animalité, s’élever aux plus hautes conceptions, et mesurer en même temps que les cieux, sa propre valeur qui lui a fait rejeter les vieilles légendes imprégnées de fatalisme et d’action providentielle, qui l’empêchait de vivre libre en obscurcissant son entendement. — Charles Alexandre.


Bibliographie. — Picart, Astronomie générale ; Jeans, L’Univers ; Couderc, Architecture de l’Univers ; Nordman, Einstein et l’Univers ; Metz, La Relativité ; Andoyer et Lambert, Cours d’astronomie ; Flammarion, Astronomie populaire ; Les Étoiles.


URBANISME n. m. Aménagement des villes, petites ou grandes. L’urbanisme a pour effet d’étudier l’organisation rationnelle des cités, en tenant compte du lieu géographique, du sol et du sous-sol de ce lieu, des centres d’approvisionnement, des voies d’accès et de répartition : mers, rivières, canaux, routes ; enfin de tout ce qui est conforme aux lois de l’hygiène, de l’habitation, de la construction des usines, de la non promiscuité de celles-ci avec le logement, de l’emplacement des groupes scolaires, etc…, le tout devant être conçu suivant des vues d’ensemble, en tenant compte des données modernes. L’urbanisme a, de ce fait, une importance considérable au point de vue social, il devient un élément de premier plan pour le progrès humain. Il fait partie de l’évolution des idées qui nous conduit vers l’étude des réalisations logiques ; en résumé, il est une manifestation de l’esprit collectif, lequel commence à s’affirmer.

Pendant de longues périodes, la maison, dans la cité, a été construite indépendamment des besoins collectifs ; de ce fait, les rues furent tracées, si l’on peut dire, en tenant compte obligatoirement des maisons édifiées ; aucun souci d’orientation, de direction ; de plus, les habitations furent placées au hasard, d’une façon illogique, à proximité des ateliers, avant la période des grandes usines, laquelle respecta la tradition, ou de commerces malsains. C’est le temps de l’individualisme qui a été la caractéristique la plus générale dans la plupart des créations de cités édifiées dans le chaos que nous connaissons.

Au titre d’exemple, le XIXe siècle industriel a provoqué cet illogisme de la maison devenue rapidement taudis auprès d’une agglomération d’usines. L’industrie qui aurait dû constituer un apport de richesses matérielles générales a amené et développé, pendant plus d’un siècle, ce taudis avec toutes ses conséquences. Il suffit de voir, à notre époque, ce que sont devenus certains quartiers des grandes cités, y compris Paris et sa banlieue industrielle, et autres centres importants, pour constater, malgré quelques tentatives de créations de cités ouvrières, la promiscuité de la maison, de l’usine ou de la mine.

Pendant le cours de ce siècle, les industries se développant dans certaines régions, il a fallu éloigner relativement l’habitation du lieu du travail. Alors, la banlieue artificielle s’est créée, à la faveur, d’ailleurs, de nouvelles voies de communications avec le centre ; c’est la période des lotissements ! Les « marchands de biens » acquièrent des domaines que ne peuvent plus occuper les anciens nobles ou bourgeois ; ils tracent un minimum de routes ou chemins et vendent des parcelles de terrain, après avoir abattu les plus beaux arbres. Ces parcelles sont vendues le plus cher possible et ne possèdent, pendant longtemps, ni eau, ni gaz, ni électricité. Il est résulté de cette exploitation sans limite une série d’inconvénients au moins aussi graves pour les habitants, que ceux provoqués par les taudis des centres industriels. Il a été prouvé que ces lotissements n’ont amené, dans leur ensemble, aucune amélioration de la vie sociale.

L’après guerre a provoqué, en France, la reconstruction des régions dévastées ; de plus, une loi, en 1919, a imposé aux villes et communes un programme d’aménagement et d’extension sur un plan moderne, tenant compte, en principe, des besoins nouveaux de ces cités. Si, dans certains cas, un effort réel a été fait par les techniciens pour tenter de reconstruire les régions dévastées dans des conditions rationnelles, cette réalisation n’a pu aboutir que partiellement (malgré des projets d’ensemble intéressants), et cela du fait des intérêts particuliers qui ont été les plus forts. Mais il est exact de dire que c’est vraiment à partir de cette époque que l’idée s’est affermie en profondeur, dans l’esprit d’un certain nombre de techniciens, en faveur de la transfor-