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de kilomètres du Soleil ; Vénus qui vient ensuite, à 108 millions ; Mars, suivant la Terre, à 228 millions ; Jupiter à 778 millions ; Saturne à 1 milliard 428 millions ; Uranus à 2 milliards 873 millions ; Neptune à 4 milliards 501 millions, et Pluton, la dernière planète actuellement connue est à 5 milliards 950 millions de kilomètres du foyer central (distances moyennes). Ces terres du ciel, circulant aux distances énoncées, tournent dans le même sens autour du Soleil, en des temps plus ou moins longs, selon qu’elles sont plus ou moins éloignées de cet astre, conformément aux lois définies par le génie de Képler et sont soutenues dans l’espace par l’attraction universelle, ou gravitation énoncée par Newton. Mais quelle que soit l’étendue du système solaire, qui pourrait se comparer à un cercle dont le rayon aurait 5 milliards 950 millions de kilomètres de longueur et la circonférence 4.065 milliards de kilomètres, elle semble bien petite comparée aux distances célestes. Si, sur un rayon de lumière, nous allions du Soleil à la planète Pluton située aux confins du système solaire, il nous faudrait environ 6 heures pour y arriver en voguant sans arrêt à l’effrayante vitesse de la lumière : 300.000 kilomètres à la seconde. De cette lointaine terre du ciel, nous découvrons le vide, la plus proche étoile étant située à une distance telle que l’unité de mesure qui nous a servi pour évaluer l’étendue du système solaire se trouve trop petite ; il nous faut nous servir d’une autre unité plus en rapport avec l’énormité de l’étendue à arpenter, nous prendrons donc l’année-lumière (voir système métrique) représentant l’espace parcouru en un an par la lumière, soit 9 trillions 467 milliards de kilomètres.

La plus proche étoile de notre Soleil est un petit astre, visible dans l’hémisphère austral, auquel on a donné le nom de Proxima du Centaure et qui est située à 4, 2 années-lumière. Sirius, la plus belle étoile du ciel, est à 8, 8 années-lumière ; Altaïr, de l’Aigle, est à 14 années-lumière ; Véga, de la Lyre, à 27 années ; l’Étoile Polaire, à 46 années ; Aldebaran, du Taureau, est à 57 années. Et ce sont là nos plus proches voisines, les autres sont si éloignées qu’il n’a pas été possible de mesurer avec précision leur éloignement, la grande majorité d’entre elles se trouvant à des distances si prodigieuses que toutes les tentatives faites ont échoué. Certaines sont si éloignées que leur lumière met plusieurs milliers d’années pour nous arriver.

Ces quelques notions nous éloignent considérablement des idées émises par les Anciens et les religieux des siècles passés, sur l’étendue de l’Univers, mais elles sont encore insuffisantes pour nous donner une idée claire de l’architecture et des dimensions de celui-ci.

Nous avons dit que le Soleil, cette masse énorme de matière dissociée, dont la température de la couche extérieure doit atteindre 5.000 degrés centigrades, tandis qu’à l’intérieur elle se chiffre par plus de 22 millions de degrés, n’est qu’une étoile, semblable à celles qui s’allument le soir dans le ciel qui s’obscurcit peu à peu. Transporté à la distance de Proxima du Centaure, notre Soleil ne serait plus visible que sous la forme d’une petite étoile de 7e grandeur. Car ce n’est qu’une unité perdue dans l’immense fourmillement d’étoiles qui parsèment l’infini. Le nombre des étoiles actuellement visibles avec les plus puissants télescopes est d’environ 1 milliard 500 millions. Ce nombre dépasse certainement, d’après les estimations théoriques, 100 milliards, il y aurait ainsi plus de 60 étoiles par homme. Et chacun de ces astres est un foyer de chaleur et de lumière, de dimensions souvent supérieures à celles de notre Soleil, qui vogue sans trêve dans l’espace, entraînant peut-être à sa suite un cortège de planètes, et distant de ses voisins les plus proches de plusieurs années-lumière !

L’examen de la voûte céleste nous montre que les étoiles semblent très inégalement réparties dans l’es-

pace. Tandis que, dans certaines parties du ciel, les astres semblent très clairsemés, dans d’autres ils sont si nombreux, tellement agglomérés qu’ils produisent à l’œil l’impression d’un nuage lumineux composé d’une multitude de points brillants. Le plus remarquable et le plus grandiose de ces nuages lumineux est sans contredit la Voie Lactée ou Galaxie, immense ruban qui fait le tour entier du ciel. Il y a, dans cet amas stellaire, une quantité colossale d’astres séparés les uns des autres par des distances de plusieurs années-lumière. Notre Soleil, ainsi que toutes les étoiles que nous observons et qui paraissent, par effet de perspective, en être distinctes font partie de la Galaxie. Notre Soleil ne se trouve pas, comme certains l’ont prétendu, au centre de la Voie Lactée, mais occupe une situation nettement latérale et fait partie d’un amas d’étoiles situé à environ 60.000 années-lumière du centre de la Galaxie. Le diamètre de celle-ci atteint au moins — d’après les estimations les plus récentes – 300.000 années-lumière, son épaisseur maxima ayant environ 30.000 années-lumière. Les estimations les plus récentes évaluent à 37 milliards le nombre des étoiles brillantes actuellement perceptibles dans la Voie Lactée, et ce nombre doit être considéré comme trop faible. La Galaxie qui renferme tout ce que le ciel comporte d’étoiles, de nuages stellaires, d’amas de toutes sortes, aurait la forme d’une gigantesque spirale se mouvant en bloc avec une vitesse de 670 kilomètres à la seconde et se dirigeant vers un point situé entre le Sagittaire et le Capricorne (Vertex).

Indépendantes et isolées, séparées par le vide le plus absolu, situées à des distances monstrueuses de la Voie Lactée, se trouvent environ deux millions de nébuleuses spirales, univers analogues à la Galaxie et comprenant, comme elle, des milliards d’étoiles. Les plus proches, celles d’Andromède et de Hessier gisent à un million d’années-lumière. Le merveilleux groupement de Spirales, des constellations de la Vierge et de la Chevelure comprenant 103 spirales, serait à 10 millions d’années-lumière ; les plus éloignées, situées dans les Gémeaux, sont à 220 millions d’années-lumière de notre Soleil. Toutes ces nébuleuses-spirales qui sont autant d’univers différents du nôtre, s’éloignent de nous à des vitesses inconcevables. Elles fuient vers les pôles de la Galaxie à des vitesses variant de 600 à 2.000 kilomètres à la seconde.

D’autres créations stellaires doivent retenir notre attention ; il s’agit des amas d’étoiles visibles à l’œil nu sous la forme de petits nuages de forme à peu près sphérique, que le télescope résout en une multitude de points brillants. Ces amas se classent en deux groupes : les amas ouverts comme les Pléiades, les Hyades, les amas de la Grande Ourse comprenant un nombre restreint d’étoiles, et les amas globulaires où elles se pressent jusqu’à se confondre. Le nombre des étoiles des amas globulaires dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Nous en connaissons, actuellement, 91. Ce sont des systèmes extérieurs à la Voie Lactée, ayant chacun un diamètre de plusieurs centaines d’années-lumière et comprenant plusieurs millions d’étoiles. Ces amas semblent tributaires de la Galaxie et paraissent terminer les spires de la spirale qu’est la Voie Lactée. Leur distance varie entre 20.000 et 220.000 années-lumière. Seuls, parmi eux, les deux amas des Nuées de Magellan sont hors du plan galactique et indépendants de nous. On ne sait que penser de leur nature. Ici se termine notre exploration de l’univers.

Nous pouvons résumer brièvement. comme suit l’ex posé ci-dessus :

1) La Terre n’est qu’un membre de la famille solaire ; 2) Le système solaire n’est qu’une unité parmi les étoiles de la Galaxie ; 3) La Voie Lactée n’est qu’un membre du système des cités spirales de l’espace. Tel nous appa-