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raient de la difficulté des questions, en ajoutèrent une quatrième, plus facile, destinée, dans leur esprit, à permettre aux candidats de relever leur note.

La même année, à Pierrebuffière (Haute-Vienne), les candidats eurent affaire à une commission d’examen moins prévoyante qui constata, mais un peu tard, que 56 élèves sur 84 avaient obtenu la note zéro en calcul. On nota 3 toutes les copies portant zéro et on augmenta d’autant toutes les notes de calcul. Malgré cette mesure et des repêchages, 28 candidats restèrent sur le carreau. Il est évident que les 56 candidats qui avaient tout d’abord obtenu zéro à Pierrebuffière auraient obtenu des notes différentes si on leur avait donné des problèmes ni trop faciles ni trop difficiles mais de difficulté moyenne qui, seuls, permettent un classement des candidats. Des épreuves mal choisies ne permettent pas de distinguer les cancres des bons élèves.

Dans les examens actuels, le choix des épreuves n’est pas seul condamnable : la correction des épreuves ne mérite pas moins de critiques. Prenons deux exemples, empruntés aux résultats de 1933 : en Ardèche, à Saint-Pierreville, 27 candidats : 10 échecs ; à Rochemaure, avec les mêmes épreuves, 54 candidats : 5 échecs. En Seine-Inférieure, à Saint-Valéry-en-Caux, 51 candidats : 3 échecs ; à Foucarmont, avec les mêmes épreuves, 38 candidats : 27 échecs.

Au sein même des commissions d’examen, que de différences ! Chaque membre d’un jury a sa façon de noter et cette façon varie elle-même suivant le temps et l’humeur du correcteur ; tel travail jugé bon en juin apparaîtra — au même examinateur — médiocre à quelques semaines de là.

Bref, les résultats des examens dépendent, dans une trop faible mesure de la valeur des candidats. Inégalité des épreuves, inégalité lors de la correction sont deux gros défauts que les auteurs de tests s’efforcent d’éviter.

Un test est une épreuve étalonnée : cette épreuve a déjà été donnée à un nombre assez élevé d’enfants (au moins cent du même âge et du même sexe). On dit qu’une épreuve est caractéristique d’un certain âge lorsqu’elle est réussie par 75% des enfants de cet âge. Une épreuve étalonnée permet de comparer un enfant avec les enfants de son âge et de dire, par exemple : Paul, en problèmes, a obtenu une note qui lui fait attribuer le rang percentile 40, c’est-à-dire que 60 p. 100 des élèves de son âge se classent avant lui et 39 après.

Un test est une épreuve standardisée : « Les résultats du test sont isolés de façon objective. En effet, de nombreuses épreuves sont conçues de manière à ne présenter qu’une solution correcte ; dans d’autres, le sujet doit choisir entre plusieurs réponses indiquées d’avance et arrangées de manière à ce qu’il y en ait une qui soit la meilleure ; d’autres fois, on laisse le sujet libre d’envisager une réponse et le problème peut comporter plusieurs solutions admissibles ; mais, dans ce cas, les réponses possibles sont tablées d’avance et cotées empiriquement d’après un barème établi » (Mlle Weinberg).

La façon de donner et de corriger le test est si nettement précisée, que deux correcteurs, faisant usage de ce test, noteront de même façon.

Un test est une épreuve dont le but est précisé et limité. « Ainsi, dans les tests de connaissance, on peut distinguer le bagage des connaissances, la compréhension des problèmes, le maniement des techniques. » Dans les tests d’aptitude, les épreuves sont adaptées à l’aptitude à dépister « de telle sorte que cette aptitude soit à peu près la seule qui puisse se manifester quand on les exécute ». (On a ainsi des tests d’attention, de mémoire, de raisonnement, de jugement, d’habileté motrice, etc.)

A côté des tests de connaissance (examens plus objectifs que les examens ordinaires), il existe des tests de développement, qui permettent de savoir si l’enfant testé est au-dessus ou au-dessous de son âge, s’il est avancé ou retardé, et des tests d’aptitudes qui révèlent certaines dispositions naturelles, par exemple de dire que tel enfant a une mémoire des mots au-dessus de la moyenne des enfants de son âge et préciser en indiquant le percentile. « Si l’on vous dit qu’un enfant de huit ans a pu répéter 5 mots sur 15, qu’il a pu faire en une minute 8 additions, qu’il écrit 90 lettres à la minute… ces chiffres ne vous permettent aucunement de déterminer ni même de deviner laquelle de ces aptitudes est prépondérante chez lui. Un coup d’œil sur les tables de percentilage, qui ramènent ces valeurs diverses à une même échelle, vous apprendra qu’il se classe ainsi :

Percentile
Mémoire des mots ......  50
Additions ...... 10
Rapidité d’écriture ......  75

et que, par conséquent, c’est chez lui le calcul qui dépasse les autres aptitudes considérées. » (Claparède).

Il y a aussi des tests d’entraînement ou tests correctifs qui ne rappellent en aucune façon les examens et sont des exercices destinés à remédier aux points faibles des élèves. (Exemples : tests pour apprendre à faire les retenues dans les soustractions ; tests pour apprendre à écrire correctement, sans confusions, les infinitifs en er, les participes passés en é et les imparfaits en ait, etc…).

Enfin, les tests d’enquête, employés par les inspecteurs, ne renseignent pas sur l’élève très individuellement, mais sur le rendement moyen d’une école.

Après avoir indiqué en raccourci une classification des tests selon les buts poursuivis, nous devons indiquer une autre classification qui tient compte de leur mode d’emploi. Il y a, en effet, des tests collectifs employés simultanément avec des groupes d’individus et des tests individuels qui exigent que les individus à tester soient pris isolément. Les premiers sont d’un emploi plus rapide, mais ils n’ont, généralement, pas autant de précision que les seconds.

Exemples de tests :

1° La cruche est au lait ce que ( ?) est aux fleurs.

1) tige ; 2) feuille ; 3) eau ; 4) vase ; 5) racines.

2° Un proverbe dit : « Qui sème le vent récolte la tempête », ce qui veut dire :

1) Qu’il faut semer pour récolter ; 2) que le temps va changer ; 3) Que celui qui fait du mal aux autres en supporte parfois les conséquences ; 4) Qu’il faut cultiver la terre.

3° Phrase à mettre en ordre :

« Sommes la pour de heure bonne nous campagne partis ».

4° Test de raisonnement :

Si Georges est plus âgé que Louis et si Louis est plus âgé que Jacques, alors Georges est (1) que Jacques.

1) Plus âgé que ; 2) plus jeune que ; 3) aussi âgé que ; 4) on ne peut pas dire.

Ces exemples ne sont que des extraits abrégés ; ainsi, le 3° est accompagné de deux autres phrases en désordre d’indications pour l’emploi et la notation :

« On dit : voici une phrase dont les mots sont tous mélangés, et qui n’a point de sens. Si les mots étaient rangés en ordre, ça ferait une bonne phrase. Regarde bien, et tâche de me dire comment la phrase devrait être. Si le sujet ne réussit pas la première phrase, la lui