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rain pouvoir. En Allemagne, Hitler et ses lieutenants sont les maîtres absolus du pays. Pour sa propagande, le chef des nazis avait reçu des sommes énormes de grands industriels allemands et même de capitalistes étrangers, de Schneider du Creusot par exemple. Ni les communistes, ni les socialistes, ni la franc-maçonnerie, ni les syndicats ouvriers ne se dressèrent contre le nouveau et tout puissant chancelier ; ils se soumirent dans l’ensemble, avec un empressement et une bassesse qui ne les honorent pas. Pour les récompenser de leur servilisme, Hitler a dissous leurs groupements et s’est emparé de leurs biens. Des mesures draconiennes ont été prises contre les juifs et contre tous ceux qui pensent autrement, que les nazis. La liberté de la presse est abolie ; les prisons regorgent ; les condamnations à mort pour crime politique sont fréquentes ; les camps de concentration sont remplis de suspects auxquels on inflige les supplices les plus raffinés. En Autriche, le pieux chancelier Dollfuss a fait massacrer les ouvriers courageux qui tentaient de lui résister. Approuvé par le pape, soutenu par Mussolini, il s’est révélé sanguinaire, dès qu’il a pu jeter sans danger le masque doucereux qui lui permit d’endormir ceux dont il méditait la perte. En Espagne, radicaux et socialistes ont égalé, surpassé même, dans le crime, le dictateur Primo de Rivera. Au Portugal, le terrorisme sévit pareillement, ainsi que dans les pays balkaniques où les souverains ont d’ailleurs toujours exercé une autorité tyrannique.

On voit qu’en fait de terrorisme, les hommes d’ordre, les soutiens de l’autorité détiennent le record. Mais, comble de l’hypocrisie, les écrivains bien-pensants affectent de ne songer qu’aux excès commis lors des révolutions populaires ou aux attentats dûs aux organisations ou aux individus d’avant-garde, lorsqu’ils parlent de terrorisme. Ces excès, ces attentats sont pourtant bien peu de chose à côté des crimes innombrables et monstrueux que perpètrent, chaque jour, au nom de la loi et de la morale, les séides du Pouvoir. Simples ripostes aux attaques injustifiées de chefs inhumains, ces actes de désespoir s’expliquent sans peine, hélas ! Et le droit de légitime défense les justifie en bien des cas. Celui qui se résigne à toutes les servitudes mérite le mépris, en effet. — L. Barbedette.


TERTIAIRE adjectif (Du latin tertius, troisième, qui occupe le troisième rang.) Terme de botanique : pédoncule tertiaire : second degré de ramification d’un pédoncule composé. Se dit aussi du rameau de la branche qu’émet ce pédoncule.

Géologie. — Ère tertiaire : troisième époque géologique. On appelle Ère tertiaire, la troisième des grandes divisions de l’histoire de la terre (voir ce mot). L’ère tertiaire se situe immédiatement après l’ère secondaire et précède l’ère quaternaire, celle que nous vivons actuellement et qui a vu apparaître et se développer l’espèce humaine. L’ère tertiaire se divise en deux grandes périodes ou systèmes : la période éogène et la période néogène. Celles-ci se subdivisent à leur tour en époques ou séries ; les époques éocènes et oligocènes pour la période éogène ; les époques miocènes et pliocènes pour la période néogène.

C’est durant l’âge tertiaire que la terre prit l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui ; car c’est au début du tertiaire que les conditions physiques du globe, et par suite, les conditions biologiques commencèrent à se différencier, annonçant l’aurore d’un âge nouveau. Jusqu’à la fin du secondaire, les climats avaient, sur toute l’étendue du globe, un caractère frappant d’uniformité, ainsi que l’atteste l’identité de la faune et de la flore. La nouvelle époque géologique va connaître les zones de climat et se caractérisera par de nombreuses modifications.

Le régime fluvial a acquis, durant le tertiaire, une puissance encore inconnue. De grands fleuves amène-

ront, des continents aux mers, des alluvions considérables. A différentes reprises, de nombreuses oscillations du sol, auront pour conséquence, des retraits et des envahissements de la mer qui modifieront complètement l’aspect des régions émergées. De plus, le sol sera bouleversé par de puissants soulèvements. C’est à l’âge tertiaire que les montagnes des Pyrénées, des Alpes, des Carpates, de l’Himalaya se sont formées ou ont achevé de se former. La surrection des Pyrénées a eu lieu à l’époque éocène, celle des Alpes à l’époque miocène. C’est aussi durant cette époque que le volcanisme, en repos depuis la fin de l’ère primaire, va se réveiller et se manifester avec une extraordinaire intensité, dans toutes les parties du monde. En Europe, la plaine centrale d’Allemagne, la Hongrie, la Transylvanie, l’Auvergne et le Plateau central, l’Italie seront les régions où ces manifestations seront les plus actives.

A la fin du secondaire, trois vastes continents se partageaient la surface du globe. Le premier, le continent Américain boréal ou Nord-Atlantique, comprenait une grande partie de l’Océan Atlantique nord et presque toute l’Amérique Centrale, le nord et l’ouest de l’Amérique du Sud, s’étendait sur une partie de la place occupée par l’Atlantique Équatoriale, couvrait l’Espagne, une partie de l’Afrique du nord, l’Italie, la Turquie, la Grèce, l’Asie Mineure, la Perse, l’emplacement de l’Himalaya et s’étendait jusqu’en Chine. Au sud de cette mer existait le continent Brésilien-Africain qui comprenait la partie émergée de l’Amérique du sud, la partie méridionale de l’Océan Atlantique jusqu’aux Indes, en embrassant toute l’Arabie et toute l’Afrique, à l’exception des États du Nord qui étaient encore sous les eaux.

A l’Est de ce dernier continent s’étendait la troisième partie du monde, le continent Australien comprenant l’Asie orientale, les Indes orientales, l’archipel indien, la Nouvelle-Hollande jusqu’à la Nouvelle-Zélande. Il embrassait, au nord, le Japon et une partie de la Chine actuelle et se prolongeait à l’ouest par deux presqu’îles séparées par une mer étroite d’une grande île située en Asie Centrale. L’Europe n’était qu’un vaste archipel où se remarquait la grande île scandinave qui s’étendait des îles Féroé jusqu’au fond de la Finlande, sur toute l’étendue de la Scandinavie et de la mer Baltique. Un vaste continent, occupant une grande partie de l’Océan Pacifique, était, depuis le jurassique, en voie de s’effondrer définitivement sous les eaux.

C’est en comparant une carte du monde actuel avec celle que nous pourrions tracer des terres émergées au début du tertiaire, que nous pourrions facilement nous rendre compte des changements importants qui se sont produits dans la répartition des terres et des mers depuis le commencement de la troisième période géologique. Les plus importants sont : 1° La formation du Pacifique par l’effondrement définitif du continent Pacifique déjà très morcelé à la fin de l’âge secondaire ; 2°La formation du continent américain par le soulèvement de l’Amérique centrale unissant le nord et le sud du continent américain actuel et formant une barrière entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique ; 3° La formation définitive de ce dernier qui recouvre une grande partie de l’ancien continent Nord-Atlantique et du continent Brésilien-Africain, Cap Vert, Sainte-Hélène et Saint-Paul ; 4° La formation définitive du continent asiatique qui, graduellement, prend la forme que nous lui voyons aujourd’hui, en même temps que son système montagneux se développe. En Europe les changements ne sont pas moins importants : formation de la Méditerranée actuelle ; soulèvement des Pyrénées, des Alpes ; diminution graduelle de l’espace occupé par la mer du nord ; et en Afrique, soulèvement des monts Atlas isolant de l’Europe, l’Afrique toute entière. Ce vaste mouvement géologique ne s’est accom-